Orban : victoire d’un démagogue sans scrupules11/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/LO2593.jpg.445x577_q85_box-0%2C14%2C300%2C403_crop_detail.jpg

Dans le monde

Orban : victoire d’un démagogue sans scrupules

En Hongrie, le parti du Premier ministre ultranationaliste, Viktor Orban, est arrivé largement en tête des élections législatives du 8 avril avec 48,8 % des voix. Son parti, le Fidesz, devrait garder une majorité des deux tiers au Parlement.

Le parti arrivé second derrière le Fidesz est un parti d’extrême droite, le parti Jobbik, avec un score de 19,6 %. Tout ce que l’Europe compte de réactionnaires s’est félicité de ces résultats. Comme dans tous les pays de l’est de l’Europe, l’ouverture au marché capitaliste, qui en Hongrie s’est accélérée après la chute du Mur en 1989, s’est traduite par l’enrichissement débridé d’une petite minorité de privilégiés. Ceux-ci ont profité du pillage des secteurs jugés rentables de l’économie hongroise, les groupes financiers et industriels occidentaux se taillant bien sûr la part du lion.

Pour la classe ouvrière, cela a signifié chômage, inflation et bas salaires. Les couches populaires ont aussi dû subir le dépérissement des secteurs jugés non rentables de l’économie étatisée, qui tenaient une place essentielle dans leur vie quotidienne.

Pour la majorité de la population, cette ouverture au marché a été synonyme de promesses jamais tenues d’accéder au prétendu miracle occidental. Les partis qui ont gouverné à l’époque, qui ont privatisé et contribué à l’enrichissement de milliardaires, continuent de subir un discrédit profond. Après la crise financière mondiale de 2009, la situation a encore empiré, avec un chômage de masse et les conséquences des politiques d’austérité imposées par l’Union européenne et les institutions financières internationales.

C’est tout cela qui a fait le lit des politiciens comme Orban, au pouvoir depuis 2010, à l’origine politicien anticommuniste vantant l’économie de marché et le libéralisme, mais qui a su prendre le tournant du nationalisme exacerbé, de la propagande antimigrants, antiroms et antisémite, et de la démagogie contre l’Union européenne.

En 2015, Orban s’est affronté à l’Union européenne sur la question des quotas de migrants et a fait construire une clôture aux frontières de la Hongrie. Pendant la campagne des dernières élections législatives, les médias soumis à Orban ont largement relayé sa propagande la plus outrancière sur le sujet. Les pays européens accueillant des migrants ont été présentés comme des pays où « on ne peut même plus prendre le métro en plein jour sans se faire agresser au couteau », où « l’on peut se faire violer sans que la police n’intervienne », et où « les infirmières ne peuvent plus travailler sans se faire agresser sexuellement », comme on a pu l’entendre sur une chaîne de la télévision publique à une heure de forte audience. Orban a lui-même déclaré quelques jours avant le scrutin : « D’un côté nos candidats, qui veulent que la Hongrie reste hongroise » et de l’autre, ceux « qui veulent qu’on abandonne nos traditions chrétiennes et nationales pour fondre la Hongrie dans une grande internationalité avec l’instrument remarquable de l’immigration. »

Les travailleurs de Hongrie, comme ceux d’autres pays d’Europe de l’Est, sont payés trois ou quatre fois moins que ceux de France ou d’Allemagne. Cela permet à de grands trusts européens qui ont délocalisé dans ces pays de faire d’énormes bénéfices. La politique d’Orban vise à détourner leur colère contre les migrants ou contre l’Europe. Mais en Hongrie les salaires des ouvriers sont toujours aussi bas et les travailleurs sont toujours plus exploités.

En France, Marine Le Pen a applaudi des deux mains à la victoire d’Orban, car elle a reconnu ses propres méthodes pour obtenir des voix dans les couches populaires. Dans cette période de crise profonde de l’économie capitaliste, les idées d’un Orban ou d’une Le Pen sont un danger mortel pour les travailleurs. Elles les divisent et renforcent leurs pires ennemis.

C’est sur le terrain de la lutte de classe, du combat de tous les exploités pour leurs intérêts communs, contre leurs exploiteurs, que la classe ouvrière peut s’opposer à la menace que ces gens-là représentent.

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