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Dans les entreprises
Air France : petit recul de la direction, le compte n’y est pas
Mercredi 11 avril, à Air France, au septième jour de grève depuis février pour obtenir 6 % de hausse des salaires, lors du rassemblement de centaines de salariés devant le siège social à Roissy, les discussions et les interventions des militants portaient toutes sur l’annonce faite la veille par la direction.
Depuis des mois, elle prétendait ne pouvoir accorder que 1 % d’augmentation, et encore en les étalant entre 0,6 % au 1er avril et 0,4 % au 1er octobre. Maintenant, elle découvre qu’elle peut donner 2 % dès avril. Après que les membres du comité exécutif du groupe Air France-KLM se sont octroyé 29 % d’augmentation cette année, c’est encore une preuve que la direction ne cesse de mentir à ce propos.
Après sept années de gel des salaires, et la suppression de près de 11 000 postes dans le même temps, la nouvelle offre ne fait toujours pas le compte. Une hôtesse, très applaudie, l’a dit devant le siège d’Air France le 11 avril : « 1 + 1, il manque 4. » Et la direction a beau pleurnicher que sept journées de grève lui ont fait perdre 170 millions, qu’elle risque d’en perdre autant avec celles prévues les 17, 18, 23 et 24 avril, cela ne fait oublier à personne qu’elle a encaissé près d’un milliard et demi de bénéfices cette année, qu’elle a sorti de sa trésorerie deux milliards pour payer les banques par anticipation, et qu’elle en a encore d’autres pour racheter telle ou telle grande compagnie comme Air India.
Sans ces jours de grève de tout le personnel, et sans le fait qu’ils obligent à chaque fois la direction d’Air France à annuler au moins 30 % de ses vols, elle n’aurait jamais fait cette toute petite concession. Mais 2 % assortis de la demande faite aux syndicats de suspendre leurs appels à la grève, ce n’est pas acceptable. Les 6 % de hausse pour tous que réclament les syndicats, alors que les salaires sont bloqués depuis 2011, n’ont rien d’exorbitant, malgré ce que prétend la direction : ce ne serait qu’un rattrapage pour tout ce que l’inflation a fait perdre en pouvoir d’achat aux salariés d’Air France.
C’est un minimum, et la direction d’Air France a les moyens de le payer. Sa première reculade montre comment les salariés de la compagnie peuvent obtenir leur dû : en poursuivant et intensifiant leur protestation collective par la grève.