Simone Veil : du côté de l’ordre social05/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2553.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Simone Veil : du côté de l’ordre social

La mort de Simone Veil a déclenché un concert d’hommages venus de tous les bords politiques, pour celle qui laissa son nom à la loi légalisant le droit des femmes à avorter et qui survécut à la déportation dans les camps d’extermination nazis. Elle sera finalement inhumée au Panthéon, ainsi que son mari.

Pourtant, il est nécessaire de rappeler que Simone Veil fut une femme politique de droite, anticommuniste revendiquée et défenseure d’un ordre social injuste.

Simone Veil, marquée par la déportation, répéta toute sa vie qu’elle luttait pour qu’il n’y ait « plus jamais ça ». Pourtant quand Raymond Barre remplaça Jacques Chirac à Matignon, elle ne démissionna pas, malgré les propos antisémites récurrents du Premier ministre évoquant un « lobby juif ». Pire, elle siégea en 1978 et 1979 dans le même gouvernement que Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde en 1942 et responsable à ce titre de la déportation des Juifs bordelais. Si ce passé vichyste ne fut révélé au grand public qu’après 1981, Papon fut préfet de police à Paris, responsable en particulier le 17 octobre 1961 du massacre de centaines d’Algériens à Paris, avant de poursuivre une carrière de député-maire dans le Cher. Ce passé-là au moins, Simone Veil ne pouvait l’ignorer.

En réalité, elle savait parfaitement que l’immense majorité des hauts fonctionnaires en poste sous Vichy avaient été blanchis et recyclés pour assurer la continuité de l’État à la tête de la police, de la justice ou dans les cabinets ministériels. Et elle en fut complice.

En 1979 elle prit la tête de la liste RPR-UDF à l’élection européenne, aux côtés de Robert Hersant, puissant patron du Figaro et lui aussi ancien pétainiste notoire. Elle reconnaît dans ses Mémoires « que le passé vichyssois [d’Hersant] était connu de tous », tout en justifiant son silence par « l’ancienne appartenance du patron de presse à la FGDS, le groupuscule politique qu’avait naguère dirigé François Mitterrand ». Ainsi, de De Gaulle à Mitterrand, en passant par l’ancienne déportée Simone Veil, sans oublier les dirigeants du PCF, tous les dirigeants politiques d’après-guerre cautionnèrent le grand recyclage des cadres prêts à faire tourner coûte que coûte l’appareil d’État bourgeois.

Au pouvoir, Simone Veil mena la politique exigée par sa classe sociale. Ministre dans le gouvernement Balladur en 1993, elle mit en œuvre des économies drastiques dans la santé, baissant le remboursement des médicaments, augmentant le forfait hospitalier et fermant 22 000 lits dans les hôpitaux publics dès janvier 1994. Fidèle à la droite, elle le fut encore en 2007, lorsqu’elle présida le comité de soutien à Sarkozy sans rompre quand, pour récupérer les voix de l’extrême droite, il annonça la création d’un ministère de l’Immigration et de l’identité nationale.

Que Simone Veil puisse susciter du respect pour avoir défendu une loi progressiste, face à son camp réactionnaire, ne doit pas masquer qu’elle contribua à défendre un ordre social injuste qui fait renaître sans cesse chaos et barbarie.

Partager