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Sahel : des soldats africains pour défendre l’impérialisme français
Emmanuel Macron s’est rendu à Bamako, la capitale du Mali, dimanche 2 juillet, pour y chapeauter la création d’une force militaire commune aux cinq pays dans lesquels l’armée française s’est déployée pour l’opération Barkhane, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie.
Cette force devrait à terme compter 5 000 hommes, un millier par pays concerné, mais on en est loin pour l’instant. Les soldats de ces cinq pays constituent déjà la moitié des effectifs de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali. Certains, comme le Tchad ou le Niger, sont en guerre sur d’autres fronts, contre Boko Haram, conjointement avec le Cameroun ou le Nigeria. Quant à la question du financement, elle est loin d’être assurée. Les États-Unis s’étant opposés à ce que les frais de l’opération soient assurés par l’ONU, Macron se tourne désormais vers l’Europe, arguant qu’il s’agit de la sécurité de tout le continent. Mais les dirigeants européens savent évidement que l’impérialisme français défend avant tout ses intérêts dans ses anciennes colonies et se montrent rétifs à investir dans cette opération.
En août 2014, l’opération Barkhane était née de la constatation que l’action des groupes djihadistes, qui avaient occupé le nord du Mali et y avaient exercé une domination barbare sur la population, n’avait fait que s’étendre à d’autres pays après leur défaite. Il s’agissait alors de les empêcher de pénétrer dans ces cinq pays du Sahel à partir de leurs bases arrière dans le désert libyen.
Depuis, le champ d’opération de ces groupes n’a fait que s’élargir encore davantage et ils ont trouvé des relais au cœur même des différents pays. Au Mali même, la population vit toujours dans l’insécurité. Les attentats se sont multipliés non seulement dans les zones du nord autrefois aux mains des djihadistes, mais aussi dans le centre et le sud. Dans toute la région, les troupes présentes sur place, qu’il s’agisse des soldats français ou de ceux de l’ONU, sont régulièrement attaquées. Les armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont ainsi perdu 150 hommes depuis le mois de février. La zone où doit intervenir la nouvelle force militaire, celle dite des trois frontières située à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso, est devenue incontrôlable.
Le gouvernement français veut continuer à piller la région, mais préférerait que ce soit des soldats africains qui versent leur sang pour cela. Ce n’est jamais que la continuation, en un peu plus moderne, de la politique coloniale, quand les tirailleurs sénégalais étaient enrôlés pour ouvrir le continent aux industriels et aux banquiers de la métropole.