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- Lutte ouvrière n°2551
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Guinée équatoriale : les biens mal acquis de l’impérialisme et de ses serviteurs
Le procès de Théodoro Obiang, le fils du dictateur de Guinée équatoriale, s’est finalement ouvert lundi 19 juin à Paris, après un report de six mois. C’est un des volets de l’affaire dite des « biens mal acquis », dans laquelle plusieurs dirigeants africains sont inculpés de détournements de fonds publics par des associations anticorruption.
Le clan Obiang a mis en coupe réglée le pays et confisqué à son profit la plus grande partie des ressources qui auraient pu améliorer la situation de la population. Le rapport de l’association Terre solidaire, qui a lancé l’affaire en 2007, accusait ainsi : « 80 % du revenu national est monopolisé par l’oligarchie, alors que 65 % de la population vit dans l’extrême pauvreté. Obiang bénéficie au premier chef de la rente pétrolière, versée en partie par les compagnies américaines comme Exxon. » Cette rente était et est toujours versée sur les comptes en banque de la famille aux USA ou dans les paradis fiscaux.
L’argent détourné a permis au rejeton du président, par ailleurs vice-président du pays, de mener la grande vie. Rien qu’en France, la police a saisi dans son hôtel particulier de 4 000 mètres carrés, avenue Foch, des dizaines de voitures de luxe, Rolls-Royce, Maserati, Bugatti, des caisses de grands crus, une collection de costumes de luxe. Et puis il y a aussi le manoir au Brésil et les villas sur toutes les Riviera.
Après des années, le fils du dictateur de Guinée équatoriale, un pays plutôt lié à l’impérialisme américain et à ses compagnies pétrolières, est donc aujourd’hui inculpé et voit ses biens confisqués. La justice est encore plus lente avec ses homologues plus proches de l’impérialisme français. Le même rapport de 2007 disait à propos du Congo Brazzaville : « Sassou Nguesso (qui est toujours au pouvoir) a pendant des années pillé les richesses du pays. Il a profité des bonus et des diverses commissions sur la vente du pétrole. Elf puis Total, qui fournit à l’État congolais 70 % de ses revenus, ont été à la tête de ces malversations. » Et il en allait de même au Gabon, État pétrolier voisin de la Guinée équatoriale, où le président Omar Bongo, grand ami de l’impérialisme français, confondait allégrement sa fortune personnelle et les revenus de l’État. Aujourd’hui, c’est son fils Ali qui lui a succédé, perpétuant la tradition familiale de prédation.
Quant aux corrupteurs, les compagnies pétrolières, elles ne risquent pas de se voir accusées. Les bénéfices de leurs actionnaires sont des biens aussi mal acquis que le trésor des dictateurs africains, mais il s’agit là du fonctionnement normal de la société capitaliste.