Écoles d’Aubervilliers : entre émotion et colère16/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2472.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Écoles d’Aubervilliers : entre émotion et colère

Lundi 14 décembre a eu lieu à l’école maternelle Jean-Perrin, à Aubervilliers, ce qui s’est révélé être, en fin d’après-midi, la fausse agression d’un enseignant. Celui-ci avait tout d’abord expliqué avoir été agressé le matin dans sa classe au nom de Daech, avant de se rétracter en fin de journée.

Si l’école maternelle a été fermée durant la journée, il a été demandé aux deux écoles élémentaires mitoyennes (Langevin et Joliot-Curie) de rester ouvertes et d’accueillir les élèves.

Touchés par l’émotion et pour marquer leur solidarité envers le collègue, sans savoir qu’il s’agissait d’un délire, les enseignants décidèrent de se réunir et, contre l’avis de leur hiérarchie, proposèrent aux parents de garder leurs enfants chez eux l’après-midi.

Ils se sont alors réunis pour discuter de la situation. Il est révélateur que très rapidement la colère a pris le pas sur l’aspect affectif. La discussion entre les 25 enseignants présents ne s’est pas orientée vers la demande de moyens de sécurité ou policiers dans le quartier. Non, tout cela, c’était plutôt la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, le ras-le-bol de travailler dans des locaux en ruines, dans des conditions lamentables.

« Il ne faut plus accepter de travailler comme cela », disait un collègue. Un autre ajoutait : « On a les effectifs d’un collège avec près de mille enfants et des conditions d’accueil dérisoires : un seul gardien ! » Un autre encore s’indignait : « Vu la situation sociale du quartier et les besoins qu’il réclame, on n’a pas les moyens de travailler. » Les événements du matin n’étaient plus au centre des discussions. Si, d’un côté, tout le monde avait voulu montrer sa solidarité, à présent la colère se fixait sur des questions beaucoup plus larges et correspondant aux conditions de travail que tous trouvaient inacceptables.

Jusqu’au soir et le lendemain encore, les enseignants étaient contents et fiers de s’être organisés ainsi, d’avoir su prendre les choses en main, dans le sens de ce qui paraissait être le plus légitime pour tous, enseignants, enfants et parents.

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