Le recul du PCF : reconstruire, mais quoi ?16/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2472.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le recul du PCF : reconstruire, mais quoi ?

Pour le Parti communiste français, sa direction comme ses militants, les élections régionales ont été une épreuve. Le PCF a participé à des alliances à géométrie variable suivant les régions, parfois avec le PG de Mélenchon, parfois contre lui, avec les écologistes ou sans eux selon les cas. Il a qualifié lui-même sa politique d’illisible, critiquant à demi le gouvernement tout en se préparant à fusionner avec le PS.

Pour finir, aussi difficiles à déchiffrer que furent ses résultats vu les diverses configurations, ils sont mauvais : le PC passe de 95 à 29 conseillers régionaux, nulle part il n’aurait été en mesure de se maintenir au deuxième tour sans allégeance au PS et c’est ce dernier parti qui a imposé sa stratégie, y compris la disparition pure et simple dans deux régions.

Comme tous les politiciens battus, les dirigeants du PCF proposent de « tout reconstruire ». Leur porte-parole Dartigolles précise même « du sol au plafond » et avoue, une fois n’est pas coutume, que son parti a participé à « la désespérance des gens ». En effet le PC, après avoir appelé en 2012 à « tout faire pour battre Sarkozy », a appelé en 2015 à faire élire les candidats de Sarkozy dans deux régions. Après avoir expliqué avec raison que c’est la politique du gouvernement Valls qui ouvre un boulevard à Le Pen, le PCF a fait alliance avec le PS et a contribué, une fois de plus, à donner un peu de crédit à ce parti antiouvrier et à prendre pour lui une part du discrédit qui touche tous les politiciens.

Bien des militants et des électeurs du PCF, qu’ils aient suivi les consignes de leur parti ou qu’ils se soient abstenus comme certains semblent l’avoir fait dans les deux régions où on leur demandait de voter pour la droite, sont dans un profond désarroi. Eux, bien plus que les dirigeants, sont confrontés dans leur quartier, leur lieu de travail et même dans leur famille à la progression du FN en milieu ouvrier.

Manifestement, la direction du PCF ne propose pas une politique à même de combattre la progression des idées réactionnaires, pas même de la comprendre, pas même simplement de se tenir debout devant elle. Comment par exemple s’opposer au nationalisme et au protectionnisme du FN, quand on défend soi-même le « produire français » et autres balivernes du même tonneau tricolore ? Comment s’opposer au vote FN de travailleurs révoltés et sans conscience, lorsqu’on a pour tout programme la même invocation usée à la « République », la même démocratie menteuse que tous les politiciens vomis par les travailleurs ?

Comme rançon de sa politique, le PCF ne cherche même plus à exister par lui-même. Non seulement il doit désormais la plupart de ses élus à la plus ou moins bonne volonté du PS, mais il poursuit dorénavant des alliances avec des politiciens dont il adopte les modes et le vocabulaire. Or chacun sait que ces planches pourries, roses ou vertes, céderont au premier pas.

Cette nouvelle déroute est le résultat d’une politique qui a détourné des dizaines de milliers de militants de la lutte, en ne leur proposant pas d’autre perspective que l’attente des échéances électorales. Encore plus en cette période de crise, les seules améliorations pour les travailleurs seront celles qu’ils imposeront par la lutte.

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