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- Lutte ouvrière n°2344
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Dans les entreprises
La Redoute – Roubaix-Wattrelos : Pinault veut se débarrasser de La Redoute... On veut des garanties
Depuis son achat en 1994, La Redoute a beaucoup rapporté à Pinault, qui a fait passer la plus grosse société de la métropole lilloise de 6 300 à 2 700 salariés. Au début, La Redoute a servi de base pour regrouper plusieurs entreprises de VAD (vente à distance), Vert Baudet, Cyrillus ... en constituant l'entité Redcats (Redoute Catalogues).
Puis, depuis 2005, PPR a investi dans le luxe, avec des marques de prestige comme Yves Saint-Laurent, Boucheron, Gucci... Ce secteur rapporte énormément : + 28 % de profits en 2012, beaucoup plus que le pôle grand public, comme La Redoute, qui subit la crise et la baisse de revenus de la population.
En début d'année 2013, le groupe s'est déjà mis dans la poche pour 1,1 milliard d'euros en revendant un pan entier de Redcats, celui qui marchait le mieux paraît-il : Vert Baudet, Cyrillus et la partie américaine de Redcats. Reste une partie, dont La Redoute proprement dite, qui semble plus difficile à vendre, c'est-à-dire sans grand intérêt pour les financiers à la recherche de bons coups.
Dans l'entreprise, la CGT a commencé à faire des réunions dans les secteurs pour expliquer qu'il fallait exiger le maximum de garanties pour notre avenir de salariés, avant que Pinault nous ait revendus à un margoulin qui laisserait ensuite rapidement une bonne partie, sinon tout le monde, sur le carreau. La sous-traitance des licenciements est une pratique bien connue des grands groupes. La région est riche de tels exemples (Rank Xerox, Unilever, Samsonite...). Les experts nommés par le CE disaient d'ailleurs que, d'après eux, quel que soit le scénario de la revente, il y aurait des suppressions d'emplois.
La direction, qui jusque-là ne disait rien, s'est aussitôt mise à expliquer que ce n'était pas le moment de « fragiliser l'entreprise qui était en difficulté », que les salariés pouvaient compter sur PPR pour un « accompagnement social », ce qui n'est pas du tout rassurant.
Les autres syndicats disent, eux aussi, que ce n'est pas le moment d'agir, qu'il faut avant tout discuter avec PPR, groupe qui aurait paraît-il une certaine éthique et qui tient à son image de marque. Leur souhait a été exaucé, puisque PPR a convoqué une réunion tripartite, syndicats, PPR et direction de Redcats, ce 28 juin. Le représentant de PPR a beaucoup parlé, a montré beaucoup de sympathie et de considération en paroles pour La Redoute, mais ne s'est engagé évidemment sur rien envers les salariés. La seule chose qu'il a promise, c'est d'autres réunions à venir. La CGT demandait qu'aucun emploi ne soit supprimé au moment de la revente et elle ajoutait qu'il fallait dix ans de garantie des salaires et primes pour tous, des préretraites à 55 ans et 100 000 euros en cas de licenciement par la suite. Le tout financé par PPR. Cela n'a pas eu l'air de plaire à ce dernier.
Il faudra, bien sûr, des mobilisations d'ampleur pour que son sens de l'éthique se traduise par des engagements concrets. La majorité des salariés sont pour l'instant intéressés par ce que dit la CGT et les discussions sont faciles dans les réunions de secteur qui sont organisées, mais une minorité est convaincue qu'il faudrait se mobiliser tout de suite.
Le groupe PPR a fait, rien que cette année, 1,3 milliard de bénéfices. Alors, de l'argent il y en a pour les salariés, mais il faudra aller le chercher.