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Dans le monde
Espagne : Des attaques contre la santé qui ne passent pas
Région après région, les mesures se multiplient pour amputer les services de santé des moyens nécessaires et les faire payer de plus en plus cher à la population, en particulier aux plus fragilisés, les retraités et les malades chroniques.
En Espagne, ce sont les « autonomies » (les régions) qui ont en charge la plupart des services de santé. Le gouvernement central, qui jusque-là administrait les services des maladies rares vient d'ailleurs d'annoncer qu'il s'en remettait maintenant aux gouvernements régionaux ; ce qui signifie encore une diminution des moyens dont ils disposeront.
Les modes de gestion peuvent varier d'une région à l'autre mais, jusqu'à une période récente, la règle était l'accès gratuit aux soins pour tous. « Etait », car depuis des mois le gouvernement et les autonomies ne cessent de revoir les budgets à la baisse, en généralisant une politique qui consiste à fermer des services et à faire payer de plus en plus les patients et les familles. C'est ainsi que, l'été dernier, la Generalitat catalane (le gouvernement de cette région) avait été à l'initiative d'une mesure consistant à faire payer au malade un euro pour chaque médicament prescrit. L'idée est reprise ailleurs, comme dans la communauté de Madrid qui la mettra en pratique le 1er janvier prochain. Les malades devraient participer pour 10 % au paiement des médicaments et les déremboursements de toutes sortes continuent à être programmés.
Mais ce qui suscite le plus de mécontentement et d'inquiétude, parmi les personnels de santé et les patients, est de voir comment les pouvoirs bradent les structures hospitalières, au plus grand mépris de la qualité des soins, quand ce n'est pas l'existence de soins qui est tout simplement remise en cause. Un exemple, toujours à Madrid, où les quelque 3 000 agents des personnels de santé de l'hôpital universitaire de la Princesa ont appris le 31 octobre que seuls les patients de plus de 75 ans y seraient accueillis. Cela suppose la disparition de services qui faisaient la renommée de cet établissement, comme la chirurgie cardiaque, la neurochirurgie, les soins intensifs ou encore le laboratoire, sans oublier les urgences.
Au même moment, le gouvernement de la région de Madrid annonçait la privatisation de six de ses hôpitaux les plus modernes. Les licenciements massifs sont toujours à la clef : médecins, chirurgiens, infirmières, aides-soignants, aucune catégorie n'est épargnée.
Face à cette dégradation, les réactions sont multiples. La volonté de sauver les hôpitaux, de défendre le service public, pousse le personnel de ce secteur à manifester, à chercher la solidarité et le soutien de la population, comme à l'hôpital Princesa où il occupe la rue une demi-heure, deux fois par jour, pour tenter d'empêcher ce retour en arrière, dans un secteur vital pour toute la société.