L'extradition de la militante basque Aurore Martin : Une bassesse gouvernementale07/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2310.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'extradition de la militante basque Aurore Martin : Une bassesse gouvernementale

Le gouvernement, non content de se montrer aussi bon élève que la droite pour la chasse aux sans-papiers, a encore allongé la liste de ses reniements. Le 1er novembre, il a extradé vers l'Espagne Aurore Martin, militante indépendantiste basque, membre du parti Batasuna. Le gouvernement espagnol avait lancé un mandat d'arrêt contre elle. Le crime reproché est d'avoir assisté en Espagne à des réunions de Batasuna, parti autorisé en France et interdit en Espagne depuis 2003 pour ses liens avec l'ETA.

Pour la justice espagnole, la simple adhésion à Batasuna équivaut à « participation à une organisation terroriste et terrorisme ». Aurore Martin encourt dans ces conditions jusqu'à douze années de prison, ce que les autorités françaises ne pouvaient ignorer.

Dans un premier temps, face à l'indignation des milieux de gauche, les deux ministères de la Justice et de l'Intérieur en France se sont renvoyé la responsabilité de l'arrestation d'Aurore Martin, d'autant que, pendant la campagne électorale, le candidat François Hollande avait prôné la clémence pour la jeune femme.

Mais, devant la polémique qui enfle, Manuel Valls, droit dans ses bottes, a durci le ton et a déclaré : « Je ne vais pas m'excuser qu'une décision de justice soit appliquée », allant jusqu'à affirmer que, dans la lutte contre le terrorisme, le gouvernement espagnol pouvait compter sur son entier soutien. Ainsi Valls adopte, sans sourciller, l'argumentaire de l'État espagnol, qui assimile le soutien à une organisation séparatiste à du terrorisme et justifie l'extradition d'Aurore Martin. « Est-ce que la France accepterait qu'on ne lui livre pas des citoyens ayant commis par le passé des actes intolérables sur notre sol ? », s'interroge-t-il. De fait l'adhésion à une organisation devient pour lui un acte intolérable !

Sarkozy et ses ministres de l'Intérieur avaient eu le triste privilège de décider d'extrader en Italie un ancien militant d'extrême gauche, Cesare Battisti, condamné par contumace dans un procès bâclé, qui a malgré tout réussi à se réfugier au Brésil. Valls et le gouvernement socialiste s'ingénient à faire mieux, en inscrivant à leur tableau de chasse une extradition pour délit d'opinion !

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