Les électeurs américains n'ont pas voté directement pour Mitt Romney ou Barack Obama, car le président des États-Unis n'est pas élu au suffrage direct. Les votants élisent des « grands électeurs » qui, réunis en un collège électoral de 538 personnes, procéderont à l'élection du président en janvier prochain. Et si on annonce déjà le nom du prochain président, c'est que les membres de ce collège sont normalement tenus de voter pour le candidat auquel ils ont été associés. Pour accéder à la Maison-Blanche, le gagnant doit disposer du vote d'au moins 270 grands électeurs.

Quarante-huit États, mais pas le Maine et le Nebraska, appliquent la règle « le gagnant emporte tout » : le candidat qui arrive en tête remporte tous les grands électeurs de l'État, que l'écart de voix soit faible ou important. Du coup, un candidat peut gagner l'élection car il a les 270 grands électeurs alors qu'il recueille moins de voix que son concurrent dans l'électorat. Ce fut le cas de Bush en 2000.

La conséquence est que les candidats ne font guère campagne dans les États où les intentions de vote ne laissent aucun doute, et se concentrent là où le scrutin s'annonce plus serré : les « swing states », les États qui peuvent basculer (swing) d'un côté ou d'un autre.

Le jour du vote, d'autres difficultés apparaissent. Il faut être inscrit sur les listes électorales, trouver le bureau de vote, faire des heures de queue et se faire identifier. En 2008, 23 millions d'électeurs inscrits sur les listes n'avaient pas pu voter bien qu'ils se soient présentés pour le faire. C'est une des raisons pour laquelle le taux d'abstention atteint en général 50 %.

11 % des Américains n'ont pas de pièce d'identité avec photo. Or, trente-quatre États ont adopté des lois imposant d'identifier les électeurs avec des variantes imaginables, allant du permis de conduire à la carte d'étudiant. Parfois un électeur muni de sa pièce avec photo peut se porter garant de celui qui n'en a pas, ou faire une déclaration sur l'honneur.

En 2008, les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération européenne (OSCE) avaient eux-mêmes dénoncé la complexité du système, l'insuffisante protection du droit de vote et du secret. Rien n'a évidemment changé. Mais le système électoral est, avant tout, conçu pour assurer l'alternance des grands partis et empêcher l'émergence de toute autre tendance politique.