Les cendres de Bigeard à Fréjus : Hommage du Parti socialiste au colonialisme07/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2310.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les cendres de Bigeard à Fréjus : Hommage du Parti socialiste au colonialisme

Les cendres du général Bigeard, qui fut un cadre de l'armée française pendant les guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie, pourraient se retrouver le 20 novembre prochain à Fréjus au Mémorial des guerres d'Indochine. C'est une décision du ministre socialiste de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui donnerait ainsi une fin heureuse à un caprice du général que son prédécesseur de droite, Gérard Longuet, n'avait pu exaucer.

Le général est mort en 2010. Il souhaitait que ses cendres soient dispersées sur le champ de bataille de Dien-Bien-Phu, bataille perdue par l'armée française face à la volonté du peuple vietnamien de chasser le colonialisme. Bigeard était célèbre pour ses déclarations à l'emporte-pièce. Il avait jadis rêvé à voix haute sur une radio de faire épouser notre camarade Arlette Laguiller par un de ses paras pour la faire taire. Alors, pour ses cendres, il s'agissait d'« emmerder la France et le Vietnam ». Mais, le gouvernement vietnamien ayant refusé cette demande, le ministre français de la Défense Gérard Longuet proposa qu'elles soient déposées aux Invalides, sans aboutir.

Qu'un Longuet, aujourd'hui politicien de droite, mais qui a fait ses classes dans l'extrême droite, ait eu envie de rendre hommage à un vétéran des guerres coloniales, tortionnaire à ses heures, on peut s'y attendre. Même aujourd'hui, Longuet ne renie pas sa jeunesse procolonialiste et anticommuniste.

Mais qu'un ministre socialiste puisse décider de rendre hommage à ce général tortionnaire, cela ne devrait surprendre que ceux qui ont oublié que Mitterrand avait reconstitué les retraites des anciens de l'OAS après son élection en 1981, ou le rôle joué par le socialiste Guy Mollet et son allié François Mitterrand qui, après s'être fait élire en 1956 pour faire la paix en Algérie, avaient au contraire intensifié la guerre en y engageant le contingent.

Cela donna alors l'occasion aux cadres de l'armée, les Massu, les Bigeard, les Aussaresses, de s'illustrer en 1957 au cours de la bataille d'Alger : cherchant à anéantir l'organisation nationaliste algérienne du FLN, ils eurent recours aux arrestations en masse, à la torture et aux exécutions sommaires, sans pouvoir empêcher finalement l'indépendance du peuple algérien.

Rendre hommage à Bigeard, c'est rendre hommage à cette guerre coloniale menée par l'armée française. La gauche gouvernementale française mena cette politique sans états d'âme, incitant les paras à agir à leur guise. En proposant un hommage aussi scandaleux, l'année même où l'on fête le cinquantenaire de l'indépendance algérienne, le gouvernement socialiste veut-il montrer que, là où même le peu fréquentable Longuet avait reculé, lui ne recule devant rien ?

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