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- Lutte ouvrière n°2191
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Otage français et intervention militaire : L'impérialisme français considère l'Afrique comme son arrière-cour
L'exécution de l'otage Michel Germaneau, revendiqué par Al-Quaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est un acte odieux. Mais en affirmant que l'intervention de forces françaises aux côtés de l'armée mauritanienne contre un camp de l'Aqmi au nord du Mali, la France espérait libérer cet otage, Sarkozy masque mal les véritables motivations des dirigeants français.
Certes, s'il l'avait pu, Sarkozy n'aurait pas été mécontent de pouvoir s'attribuer le mérite de cette libération, mais ce n'était probablement pas l'objectif principal de cette intervention militaire.
En fait l'impérialisme français considère cette partie de l'Afrique comme son arrière-cour, et qu'il peut y projeter son armée quand bon lui semble pour y défendre ses alliés et ses intérêts. Or la présence de groupes armés d'extrémistes islamiques se déplaçant librement dans cette région désertique du Sahel peut être considérée comme une menace pour les intérêts des groupes français au Niger, en Mauritanie ou au Mali. À commencer par ceux d'Areva, qui exploite d'immenses gisements d'uranium en plein désert nigérien.
Cette politique de l'impérialisme français n'est pas nouvelle. Après la décolonisation des années 1960, les dirigeants français ont passé des accords de défense et de coopération militaire avec de nombreuses ex-colonies françaises. Depuis, les interventions militaires se sont multipliées pour aider les dirigeants locaux à réprimer leur population ou sauver la mise de tel ou tel régime dictatorial ou corrompu face à ses opposants.
Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, a entamé une tournée en Mauritanie, au Niger et au Mali pour réaffirmer cette politique, et dire à leurs dirigeants qu'ils pouvaient compter sur le soutien de la France dans leur combat contre « l'extrémisme » et le « terrorisme ». Quand on sait les détentions arbitraires, les tortures et les peines de mort que le régime du mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, par exemple, applique déjà aux membres présumés de la mouvance islamique, au nom de la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité intérieure, ce soutien de la France équivaut à un feu vert pour une répression accrue qui ne vise pas que des terroristes islamiques.