L'affaire Bettencourt-Woerth : Un feuilleton édifiant28/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2191.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'affaire Bettencourt-Woerth : Un feuilleton édifiant

Les épisodes de cette « affaire Bettencourt-Woerth » se répètent à l'instar de ces séries télévisées, rediffusées à satiété qui finissent par lasser, même des spectateurs friands de ce genre de spectacle.

Récemment, on nous a servi l'épisode qui aurait pu s'intituler « l'audition de la vieille dame qui ne se souvient de rien ». Et tout le monde de compatir, considérant qu'à 87 ans, elle ne pouvait plus être au fait des détails concernant ses affaires. Mais est-on sûr que, quarante ans plus tôt, elle en était mieux informée ?

Car chez ces gens là, voyez-vous, ce sont des spécialistes, PDG, avocats, comptables, ajoutons-y parfois des hommes politiques, valets de luxe, grassement rémunérés, qui s'occupent des affaires. Et pourtant, on essaye de nous faire croire que des femmes et des hommes comme cette dame Bettencourt joueraient un rôle essentiel dans la vie économique de notre pays. À d'autres !

Qu'il distraie, irrite ou fatigue, ce feuilleton aura donc au moins le mérite de mettre en évidence le parasitisme de ces grands bourgeois qui, pour beaucoup, n'auront eu pour seul mérite que de bien naître et de se contenter de regarder leur fortune prospérer.

Mais il illustre également un autre aspect, tout aussi banal, celui des rapports entre le monde politique et celui des affaires. On risque certes de ne jamais trouver de preuve, par exemple, qu'Éric Woerth soit intervenu pour faire embaucher sa femme par la société chargée de gérer la fortune Bettencourt. Et même si on en trouvait, on aura sans doute beaucoup de difficultés à établir un lien entre cette embauche et les faveurs fiscales dont ont bénéficié la milliardaire et ses proches. Car ces échanges de bons procédés se font, et on comprend pourquoi, sans témoins et sans laisser de traces. D'autant plus que les relations entre l'État, les politiciens quand ils sont au pouvoir, et ces gens-là ne se traduisent pas automatiquement par du donnant-donnant. Bien des fois, les politiciens, ces hauts fonctionnaires, sont aux ordres des bourgeois sans que ces derniers aient besoin de rétribuer les services rendus. C'est leur job, pourrait-on dire, et ils le font avec conscience.

Il est tout à fait plausible que Liliane Bettencourt ait fait distribuer des enveloppes bien garnies à des politiciens de ses amis, mais ne l'aurait-elle pas fait que cela n'aurait rien changé dans ses rapports avec le pouvoir.

Finalement donc, ce feuilleton insipide a le mérite d'être démonstratif.

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