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- Lutte ouvrière n°2191
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AFR - Douai (Nord) -140 licenciements : L'union sacrée ne sauve pas les emplois
Arbel Fauvet Rail, une usine de Douai qui fabrique des wagons de fret, a connu une série de plans sociaux depuis des années. Dans les années 1980, il y avait encore près de 2 000 travailleurs. Ils n'étaient plus que 226 en mars de cette année quand le PDG a annoncé que l'usine était en cessation de paiement.
Ce PDG était le dernier en date d'une longue liste de repreneurs qui s'étaient en leur temps présentés comme les sauveurs de l'usine. En fait de sauvetage, c'est de licenciements qu'il s'agissait à chaque fois : pour soi-disant « relancer l'usine ». Les plans étaient bien sûr assortis également de subventions sous forme d'argent public. Les derniers cadeaux en date, ce sont 10 millions d'euros venant de la Région Nord-Pas-de-Calais et de la Communauté d'agglomérations du Douaisis. La communauté d'agglo est ainsi devenue propriétaire des locaux.
Cette fois, les travailleurs craignaient carrément la fermeture de l'usine, ils se sont tous mis en grève immédiatement.
Les politiciens locaux se sont emparés de l'affaire. Le maire UMP de Douai, le député Front de Gauche, les conseillers généraux et régionaux du PS et du PC, tous se sont retrouvés aux côtés de la CGT dans une « bataille pour la création d'un pôle ferroviaire ». Il fallait « sauver le ferroviaire, investir massivement dans le fret pour garder l'usine à Douai ».
La Communauté d'agglomérations du Douaisis a décidé de « mettre à l'abri les brevets », car il fallait, sur une idée de la CGT, ne laisser ces brevets de nouveaux wagons qu'à un repreneur qui s'engagerait à poursuivre l'activité à Douai. Les syndicalistes et les politiciens de l'union sacrée ont même rapidement choisi leur repreneur favori : ils voulaient Pascal Varin (le frère de Philippe Varin, le PDG de PSA) car « il vient du ferroviaire » (il était directeur à RFF - Réseaux ferrés de France). Ils ont finalement accepté le constructeur indien Titagahr qui amène 5 millions d'euros et confié la direction du plan à Pascal Varin.
Voilà donc l'usine sauvée sur le papier ! Tous les tenants de l'union sacrée ont crié victoire dans la presse locale et devant le personnel dans les assemblées générales. Ils ont même organisé un cocktail le jeudi 15 juillet où tous étaient invités à trinquer « au sauvetage d'AFR ». Mais le cocktail ne s'est pas passé vraiment comme prévu. Car les travailleurs ont bien vu que ce plan ressemblait à tous les précédents : le prétendu sauvetage se fait encore une fois aux dépens des emplois : Titagahr ne garde que 80 travailleurs et les 140 autres sont soit licenciés, soit priés d'accepter un départ volontaire. L'usine devrait, soi-disant, embaucher dès février 2011 et passer à 130 salariés. Alors, beaucoup d'ouvriers n'ont pas voulu trinquer avec ceux qui les licencient, ils sont sortis avec un sentiment de rage et d'amertume mélangées, même si les délégués de la CGT tentaient de leur expliquer que c'était la seule solution, que les conditions de départ étaient exceptionnelles.
Ceux qui ont plus de 57 ans et acceptent de partir toucheraient leur salaire jusqu'à la retraite. Mais les travailleurs de Renault Douai qui avaient accepté un départ volontaire dans les mêmes conditions ont découvert après un an qu'ils étaient en fait inscrits au chômage et qu'ils étaient dans l'obligation de chercher un emploi !
Quant aux plus jeunes qui sont licenciés, ils auront un contrat de transition professionnelle, c'est-à-dire qu'ils toucheront 80 % de leur salaire pendant un an tout en suivant une formation. Comme on le voit, vraiment rien d'exceptionnel ! Et personne n'a confiance dans les promesses de développement et de ré-embauche à AFR.