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Leur société
Après le sommet social : 27 mai, le monde du travail doit faire entendre sa voix
Lundi 10 mai, Sarkozy avait convié les syndicats et le patronat à s'asseoir autour d'une table avec lui à l'Élysée. C'est ce qu'il a appelé, lui et le gouvernement, un « Sommet social ». De social il n'y a eu que l'annonce de la suppression de quelques aides qui avaient été consenties l'an passé aux plus démunis, et comme sommet il n'y a eu que la platitude des annonces et des réactions des chefs syndicaux.
Pourtant, il y aurait eu de quoi claquer la porte de ce simulacre de discussion. Sarkozy a profité de l'occasion que ce gentil parterre lui donnait pour envoyer des messages clairs. Au grand patronat, il a annoncé que les caisses de l'État lui seraient encore largement ouvertes cette année. D'abord pour payer en son lieu et place toute une partie des salaires qu'il doit à ses salariés, par le bais de l'indemnisation du chômage partiel. Ce sont les plus gros qui usent et abusent de ce moyen pour se soustraire à leurs obligations et avoir une main-d'oeuvre gratuite, en n'hésitant pas à faire alterner périodes de chômage partiel et heures supplémentaires, selon leurs besoins.
Par contre, les toutes petites aides sociales accordées en 2009 à cause de l'aggravation dramatique de la crise, 2,5 milliards au total, elles, seront remises en cause : « Vous savez bien que la France ne peut s'engager seule dans cette voie (en maintenant ces aides), ce serait désastreux pour notre compétitivité » a déclaré Sarkozy. Les centaines de milliards donnés aux banques et aux grandes entreprises, eux, ne constituent évidemment pas un problème.
« La demande des ménages continue aujourd'hui à bien résister », a ajouté Sarkozy, soulignant ainsi que, pour lui, ces derniers n'ont pas besoin d'autres aides. Vu de l'Élysée et des appartements de luxe, bien loin des quartiers ouvriers, on a facilement le sentiment que la consommation se porte bien.
Comme tout petit os à ronger donné aux syndicats, il s'est contenté de dire, parallèlement aux sacrifices qu'il se prépare à imposer sur les retraites, qu'il envisageait de demander un « effort aux plus hauts revenus et à ceux du capital ». Et cette seule annonce sans contenu a suffi aux chefs syndicaux pour prendre acte « de cette avancée ».
Une attaque en règle contre les conditions de vie de l'ensemble du monde du travail se met en place, à tous les niveaux, emplois, salaires, droits sociaux, services publics etc. Chacun se rend compte qu'il faudra une véritable levée en masse du monde du travail, et que la colère explose, pour faire reculer le patronat, les financiers et leurs laquais politiques. Face à cette nécessité, les responsables syndicaux, qui restent d'une extrême réserve, ont appelé à une journée d'action pour le 27 mai, mais qui n'est pas dans leur bouche l'ouverture des hostilités, mais la revendication pour de « vraies discussions ». Cela pourra aller jusqu'à des grèves et des manifestations, un peu comme le 23 mars dernier.
Au-delà de l'attitude timorée des responsables syndicaux, ce sont les réactions concrètes des travailleurs que craignent patrons et gouvernements. Et ce serait l'intérêt des travailleurs de se servir de cette journée interprofessionnelle à laquelle sont appelés tous les secteurs, privé comme public, et de faire que par centaines de milliers, partout rassemblés, les travailleurs affirment haut et fort, ce 27 mai : « Ce n'est pas à nous de payer les frais de la crise et de la folie des capitalistes et de leur système ».