Un euro qui protège ou qui étrangle ?13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un euro qui protège ou qui étrangle ?

Le déroulement de la crise financière, grecque d'abord, européenne désormais, a remis sur la table la question de la monnaie unique européenne, l'euro. Des politiciens, généralement de droite, ont commencé par affirmer que, pour contraindre la Grèce à payer ses dettes, il suffisait de l'exclure de la zone euro. Les mêmes ajoutent maintenant que la seule volonté de maintenir la monnaie unique coûte 750 milliards d'euros qui seraient mieux utilisés autrement ; et que, de façon générale, l'instauration de l'euro a été le commencement de la fin.

Ceux qui défendent l'euro, l'immense majorité des politiciens de la zone euro et en tout cas tous ceux qui y exercent le pouvoir, affirment au contraire que l'euro a atténué les effets de la crise. On ne peut évidemment pas savoir comment le franc, le mark, la lire, etc. auraient résisté seuls aux tempêtes financières successives. Mais il est exact que l'euro a empêché les spéculations entre monnaies européennes concernées, puisqu'il les a fait disparaître. Mais il est vrai aussi que cela a seulement déplacé le problème. Les spéculateurs opèrent maintenant sur les dettes des États qui, si elles sont toutes libellées en euros, et plus en marks, francs et drachmes, n'ont pas toutes la même fiabilité aux yeux des banquiers.

Quant aux effets de la crise, force est de constater que, euro ou pas, dans tous les pays les bourgeoisies sont protégées et les populations attaquées. Car tous les bons apôtres, de l'euro ou de son abandon, omettent évidemment de signaler que « l'aide » à la Grèce et le plan de stabilité européen sont en fait des aides directes aux grandes banques, lesquelles sont principalement allemandes et françaises, et que ce sont les travailleurs de toute la zone euro qui feront les frais de ce dispositif. Les États allemand et français auraient de toute façon volé au secours de leurs banquiers. Grâce à l'euro ils peuvent faire payer plus facilement l'ensemble de la population européenne en même temps que la leur propre.

Mais les États de la zone euro semblent éprouver de plus en plus de difficultés à accorder leurs violons et mettent de plus en plus de temps à réagir de façon concertée. La crise de la dette grecque menaçant de s'étendre montre ainsi ce que la construction européenne a d'inachevé : la survivance d'États différents justement, chacun lié à une classe bourgeoise différente, avec des intérêts propres. Un demi-siècle n'a pas suffi, et de loin, à ces différentes bourgeoisies pour s'unifier. La crise qui continue peut les voir se séparer, tuer l'euro et tenter de s'en sortir chacune pour son propre compte.

Les travailleurs n'auraient rien à y gagner car le rétablissement des frontières monétaires diviserait un peu plus leurs forces. Et surtout, faute d'intervention directe de leur part, ce serait forcément contre eux que la pièce se jouerait, peut-être plus violemment encore, la crise s'approfondissant et chaque bourgeoisie n'ayant plus que son propre peuple à saigner.

Alors, la question n'est pas avec ou sans l'euro, mais bien de tolérer ce système capitaliste dément... ou de le renverser.

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