Déficit : Capitalistes et banquiers vivent au-dessus de nos moyens !13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Déficit : Capitalistes et banquiers vivent au-dessus de nos moyens !

La gravité de la crise financière qui a frappé la Grèce sert de prétexte à tous les gouvernements européens pour prêcher la nécessité de faire des économies, de dépenser moins, afin de réduire l'endettement de l'État et prévenir ainsi les assauts de spéculateurs. Il faudrait donc que les populations comprennent qu'il va falloir faire des sacrifices. On ose même nous dire que, les dépenses de l'État grec ayant de beaucoup excédé les recettes, les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens. Et comme tous les États européens sont actuellement fortement endettés, on veut nous faire croire que la raison en serait que des « États providence » aident leur population à vivre au-dessus de ses moyens.

Il faut vraiment le culot et le cynisme des gouvernants et des commentateurs et autres experts à leur botte pour oser proférer de pareils mensonges. Car s'il est vrai que tous les États européens sont fortement endettés, que tous les gouvernements ont creusé sans compter leur déficit budgétaire depuis l'éclatement de la crise financière, ce n'est pas pour aider la population laborieuse et les plus pauvres à traverser la crise, mais c'est pour donner sans compter aux grandes entreprises et en particulier aux banques, pour leur permettre de retrouver des profits substantiels malgré la crise.

En France, depuis les années 1970, les gouvernements ont présenté chaque année des budgets en déficit, et en déficit croissant, grossissant ainsi chaque année la dette à rembourser avec intérêts aux banques. Mais, parallèlement à l'augmentation des déficits, ce sont les aides de l'État aux entreprises qui se sont multipliées, au point de défier tout recensement précis mais de dépasser de très loin chaque année le montant des déficits. Et depuis l'éclatement de la crise financière de l'automne 2007, le gouvernement s'est précipité pour ouvrir toutes grandes ses caisses aux banquiers qui avaient perdu des sommes folles dans la spéculation. Il a aussi encore augmenté ses aides aux grandes entreprises, entre autres aux constructeurs automobiles, pour leur permettre de maintenir leurs profits.

Le déficit du budget de l'État, qui représentait moins de 3% du PIB en 2007, a bondi à près de 8 % en 2009. Il est passé de quelque 55 milliards d'euros en 2007 à 140 milliards d'euros en 2009. Dès la faillite de la banque américaine Lehmann Brothers en septembre 2008, Sarkozy a annoncé un plan de « sauvetage des banques » de 360 milliards d'euros. L'État a injecté de l'argent frais dans les banques en achetant des participations, et il leur a garanti des prêts à hauteur de plusieurs centaines de milliards d'euros. Il faut aussi ajouter les 26 milliards du plan de relance, dont plus de la moitié est directement destinée à aider la trésorerie des entreprises, ainsi que de multiples aides. C'est une véritable saignée dans les finances publiques, destinée au grand capital.

Et puis, endetté comme il l'est, l'État doit verser chaque année aux institutions financières des dizaines de milliards d'euros, pour le service de la dette, une véritable manne qui contribue à son tour à alimenter la spéculation. En 2007, ce sont 50 milliards d'euros qui ont ainsi été versés par l'État pour ces seuls intérêts, l'équivalent du déficit de cette année-là. Et même si pour l'instant le service de la dette reste de même grandeur malgré l'augmentation de celle-ci, car les taux d'intérêts sont bas, ce sont des dizaines de milliards qui sont ainsi prélevés chaque année sur la population pour alimenter les circuits financiers.

Non seulement la majorité de la population n'a aucunement bénéficié de ces largesses, mais elle a commencé à en payer le prix par la dégradation de tous les services publics, par les économies réalisées sur les prestations sociales, car le gouvernement ne se gêne pas pour s'en prendre aux plus pauvres pour financer ses largesses envers les plus riches. Et maintenant que les banques, les entreprises et les riches ont été plus que largement servis, il faudrait que les travailleurs, les retraités, les chômeurs acceptent de vivre encore plus mal, pour permettre au gouvernement de boucher les trous de son budget et aux patrons et aux actionnaires de s'enrichir plus encore !

Ceux qui vivent au-dessus de leurs moyens, ce ne sont pas les travailleurs à qui on ose demander encore des sacrifices, mais bien ces parasites qui détournent à leur profit exclusif les richesses produites, en poussant toute la société vers la misère. C'est à eux qu'il faudra bien faire rendre gorge.

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