Inde : L'attaque terroriste de Bombay et la tension indo-pakistanaise03/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2105.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inde : L'attaque terroriste de Bombay et la tension indo-pakistanaise

À la suite des attaques terroristes à Bombay qui ont fait près de 200 morts, le gouvernement indien accuse le Pakistan, sinon d'être l'instigateur direct de cette action, du moins de n'avoir pas réussi « à juguler le terrorisme qui émane de son territoire ». Il en veut pour preuve que le seul des terroristes capturé vivant aurait affirmé qu'ils étaient tous pakistanais.

Les attentats font partie des événements qui, régulièrement, font remonter la tension indo-pakistanaise. Ainsi, le 11 juillet 2006 des attentats avaient déjà fait 186 morts et plus de 800 blessés à Bombay. Et aussitôt, le commissaire de police de la ville avait dénoncé une attaque qui aurait été organisée par les services secrets pakistanais.

En plus de ces attentats, il y eut notamment en février 2007, l'explosion du « train de l'amitié » entre l'Inde et le Pakistan, qui venait d'être mis en service, causant 68 morts. Et auparavant, en octobre 2005, un attentat avait fait 62 morts à New Delhi, la capitale de l'Union indienne.

Chaque fois les autorités pakistanaises, mises en accusation, se défendent en déclarant qu'elles font tout ce qu'elles peuvent pour lutter chez elles contre le terrorisme, émanant le plus souvent de groupes islamistes. Et de fait, les attentats ne sont pas moins nombreux au Pakistan qu'en Inde.

Depuis l'éclatement de l'ex-empire britannique des Indes en deux pays, l'Union indienne et le Pakistan (dont la partie orientale est devenue indépendante en 1971, lorsque se créa le Bangladesh) trois guerres ont déjà eu lieu.

Quant au Cachemire, la guerre n'y a jamais cessé, faisant des dizaines de milliers de victimes. Le Cachemire est le seul État de l'Union indienne à majorité musulmane qui, malgré des engagements pris, n'a jamais eut droit à un référendum et où l'armée et la police indienne mènent une guerre sans merci contre la population, suspectée de volonté autonomiste, voire de désirer le rattachement au Pakistan, lequel a aidé en sous main les séparatistes cachemiris.

Malgré cette situation conflictuelle, un certain rapprochement a tout de même fini par avoir lieu, à partir d'avril 2003.

L'Inde avait alors déclaré tendre « la main de l'amitié » à son voisin, à quoi le Pakistan avait répondu qu'il « l'accueille de tout coeur ». Il s'en est suivi quelques rencontres bilatérales et une réouverture, après 60 ans d'interruption, des vols commerciaux, puis des liaisons ferroviaires entre les deux pays.

Ce rapprochement, pour limité qu'il soit, est cependant combattu par des fractions nationalistes et intégristes dans les deux pays. Les membres du commando terroriste avaient comme visée de s'en prendre aux symboles occidentaux (et israéliens) au nom de l'islam. Au-delà des symboles, ceux qui les ont armés et envoyés voulaient sans doute mettre en difficulté tout à la fois les autorités indiennes et pakistanaises.

L'extrémisme religieux musulman se développe sur le terreau fertile de l'injustice commise envers les musulmans en Inde et particulièrement au Cachemire. Mais il dénonce aussi l'alignement du gouvernement pakistanais sur les États-Unis à la suite de la guerre en Afghanistan. Depuis l'invasion, puis l'occupation de l'Afghanistan par les armées des États-Unis et de la coalition occidentale, la situation s'est en effet encore aggravée. La frontière pakistano-afghane est longue, montagneuse, désertique et pratiquement incontrôlable. Ceux qu'on appelle les « rebelles » en Afghanistan, les Talibans et d'autres, trouvent des sympathies au Pakistan. Et les attaques militaires américaines, les bombardements qui touchent la population civile ne peuvent qu'aviver le sentiment antiaméricain.

Ainsi, la présence militaire occidentale en Afghanistan contribue peut-être non seulement à déstabiliser le Pakistan, mais aussi l'Inde voisine et à faire monter les tensions entre les deux pays.

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