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- Lutte ouvrière n°2105
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Incendie dans une tour à L'Haÿ-les-Roses en 2005 : La société immobilière échappera-t-elle à sa responsabilité ?
Le procès des trois jeunes filles qui avaient mis le feu à la boîte aux lettres d'une adolescente rivale, le 4 septembre 2005 à L'Haÿ-les-Roses, vient de s'ouvrir. Le feu s'était propagé et avait provoqué la mort de dix-huit personnes. Le procès aura lieu à huis clos.
La société d'HLM concernée, l'immobilière 3F, n'est pas mise en examen. Pourtant, comment un simple feu de boîte aux lettres, geste certes stupide mais assez insignifiant, a-t-il pu prendre des proportions aussi importantes et aussi meurtrières ? Les pompiers sont intervenus rapidement, l'incendie a été facilement maîtrisé et aucune des 18 victimes n'a été brûlée. Il est évident qu'il y avait des défauts de construction, au moins en ce qui concerne les matériaux de revêtement qui, en brûlant, ont dégagé des fumées toxiques et meurtrières, car ce sont bien ces fumées qui ont tué.
Les boîtes aux lettres étaient inflammables, ainsi que des lambris couvrant murs et faux plafonds. La cage d'ascenseur a servi de conduit aux fumées sans qu'il y ait d'évacuation possible en parties hautes. La responsabilité de la société 3F paraît donc engagée, ainsi que celle d'Otis pour l'ascenseur.
L'immobilière 3F est un groupe important, avec un parc locatif de près de 150 000 logements, foyers et commerces, et près de cent millions d'euros de résultat financier. Elle se vante que « la plus grande attention est accordée à la qualité architecturale et environnementale des logements, aussi bien pour la construction neuve que pour les opérations de réhabilitation ». Ce n'était apparemment pas le cas dans la tour de L'Haÿ-les-Roses !
Du fait du huis clos, lors du procès la société 3F échappera aux débats publics. Et, ce qui est plus grave, le problème d'un grand nombre de logements plus ou moins vétustes, où les risques sont considérables en cas d'incendie, ne sera pas étalé sur la place publique.
En revanche, les trois incendiaires risquent, en théorie du moins, de lourdes peines : jusqu'à vingt ans de prison pour deux d'entre elles, et la perpétuité pour la troisième !