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Espagne : Les quelques promesses de Zapatero ont fait long feu
En Espagne, le président du gouvernement socialiste José Luis Zapatero avait annoncé qu'il préciserait au retour des vacances des mesures destinées à faire face aux difficultés économiques liées aux répercussions de la crise financière internationale dans son pays. C'est chose faite, en partie du moins car d'autres mesures vont suivre. D'ores et déjà, l'orientation est claire : c'est aux travailleurs, aux retraités, aux chômeurs que Zapatero demandera de faire des sacrifices.
Oubliées les quelques promesses faites par Zapatero avant les élections de mars 2008. Il avait promis que le salaire minimum, fixé alors à 600 euros brut serait augmenté progressivement jusqu'à 800 euros brut d'ici 2012. Son ministre de l'Économie Pedro Solbes vient d'annoncer un ralentissement du rythme de l'augmentation. 800 euros en 2012 c'était déjà dérisoire, dans un pays où les prix des produits courants n'ont cessé d'augmenter et où le coût de la vie est pratiquement aussi élevé qu'en France. Mais la stagnation décidée va se traduire par un appauvrissement de nombreuses familles de travailleurs, des petites gens, des chômeurs, des retraités et des pensionnés.
Le gouvernement voudrait relativiser la gravité de sa mesure en expliquant que les salariés qui touchent le salaire minimum sont proportionnellement moins nombreux qu'en France. C'est vrai. Mais ce coup de frein aura des conséquences à tous les niveaux.
D'une part c'est un encouragement à un blocage plus général des salaires, actuellement trop bas pour des millions de travailleurs. Et d'autre part le salaire minimum sert de référence pour le calcul de nombreuses indemnisations, pensions et allocations, et leur blocage de fait dans les mois à venir aura des conséquences d'autant plus graves que le chômage s'accroît à cause de la crise dans le secteur du bâtiment et de la construction.
Beaucoup de travailleurs expriment leur inquiétude et leur mécontentement devant la politique sociale du gouvernement. Mais beaucoup se sentent désarmés face à la politique des deux principales centrales syndicales, les Commissions Ouvrières et l'UGT (Union Générale des Travailleurs) qui depuis des années organisent... la résignation. C'est ainsi que leurs dirigeants viennent de réagir à l'annonce faite par Pedro Solbes en se disant " soulagés " que l'objectif de 800 euros en 2012 n'ait pas été remis en cause, et en réclamant que le rythme du " ralentissement " de l'augmentation soit... négocié ! Voilà qui ne risque pas d'effrayer les responsables du Parti Socialiste (le PSOE), ni le patronat qui réclame depuis des mois des mesures d'austérité afin de faire face à la crise économique.
Il faut espérer que le mécontentement débouche sur des luttes. Car en Espagne comme en France, le monde du travail et l'ensemble des classes populaires ont besoin d'une augmentation générale des salaires, des retraites et des diverses allocations. Et si l'on prenait ne serait-ce qu'une petite partie des profits gigantesques accumulés grâce au boom de l'immobilier, c'est tout le monde du travail qui pourrait vivre décemment.