Le groupe Arena, fabricant de maillots de bain, vient d'être condamné à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à 96 anciennes salariées qui ont porté plainte pour licenciement abusif. En mars 2007 en effet Arena avait fermé son usine de Libourne, en Gironde, et supprimé 169 emplois, en prétextant que le coût de la main-d'oeuvre était trop élevé.

Les prud'hommes ont jugé qu'il s'agissait " d'une opération purement financière " et que " le transfert d'activité dans des pays à protection salariale et sociale inférieure aux normes françaises (...) ne saurait constituer un motif économique de licenciement suffisant ".

Effectivement, comme presque toujours dans ce cas-là, la motivation de la firme était d'augmenter les bénéfices de ses actionnaires en faisant faire le travail en Chine et en Tunisie, et elle a réussi, selon ses propres déclarations, à économiser 0,64 euro par maillot de bain. Les avocats des travailleuses ont calculé leur demande de dommages et intérêts sur la base des gains réalisés par Arena en une année grâce à la délocalisation en Chine. Le tribunal des prud'hommes les a suivis et a accordé à chacune des plaignantes l'équivalent de 35 mois de salaire. Un tiers des licenciées n'avaient pas attaqué leur ancien patron, mais cela pourrait leur donner des idées.

Arena doit donc sortir 4,8 millions d'euros. L'entreprise, une multinationale qui se vante de sponsoriser les meilleurs nageurs dans le monde et d'être à la pointe des innovations, a de quoi faire face. Il est cependant probable qu'elle essaiera de trouver un moyen pour éviter de payer et qu'elle fera appel. Mais cette condamnation est un encouragement pour les travailleuses d'Arena et pour tous les travailleurs qui font les frais des mêmes pratiques et à qui on demande de se sacrifier pour les profits des actionnaires.