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Chantiers navals de Saint-Nazaire : Sarkozy offre le cinéma gratuit
Ces deux dernières années, on a assisté à une valse de ventes-rachats des Chantiers navals de Saint-Nazaire. Des milliards ont tournoyé au-dessus des têtes : Alstom, groupe français, a vendu le chantier pour une bouchée de pain au groupe norvégien Aker, qui s'est rapidement séparé de sa branche navale (une quinzaine de chantiers dans le monde), que vient de racheter le groupe coréen STX. Tout cela en quelques mois !
Et voilà que Sarkozy rentre dans la danse, jouant le sauveur de la navale avec l'annonce que l'État français participera à hauteur de 9 % au capital du chantier de Saint-Nazaire, ce qui serait censé lui donner une minorité de blocage
Vendredi 5 septembre, c'était donc le branle-bas de combat à Saint-Nazaire pour la venue de Sarkozy en compagnie du patron de STX. Il s'agissait de rassurer tout le monde, mais avec tout de même des dizaines de camions de CRS encerclant le site. Si l'on ajoute à cela les plaques d'égout soudées, des chiens renifleurs, des démineurs à foison, des robocops fusil à l'épaule, cela ressemblait fort à une occupation militaire.
C'est sur le Fantasia, paquebot en finition, que s'est tenu le clou du spectacle, le discours télévisé de Sarkozy. Là, il y avait beaucoup plus de CRS et de personnes de la sécurité que d'ouvriers qui, sidérés, ont dû ouvrir leurs coffres à outils et remiser leurs sandwichs dans leurs poches de bleu.
Alors que d'habitude le travail se fait dans la saleté, la poussière, dans les pires conditions et les uns sur les autres, pour l'occasion le grand nettoyage avait été fait. Le chantier n'avait jamais été aussi propre. Pour la photo, rien ne devait blesser le regard du président, et surtout pas les urinoirs provisoires, pas très élégants.
Pour ce grand spectacle, la direction s'était démenée, recherchant, en plus des curieux, des " volontaires " désignés d'office pour remplir les gradins et la scène. Ils étaient encadrés par tout le gratin des Chantiers et par une myriade de policiers en civil, prêts à intervenir au premier écart verbal. C'est donc un public capturé, plus que captivé, qui a dû subir une bonne heure d'attente debout avant la messe présidentielle.
Sarkozy a ainsi pu faire son numéro, annonçant un " engagement majeur " de sa part pour la sauvegarde du chantier naval de Saint-Nazaire. Il a évoqué un éventuel rapprochement entre le chantier civil nazairien et les chantiers militaires de la DCNS. Il fera pour la navale, a-t-il dit, comme il a fait " pour sauver Alstom il y a quelques années ". Si c'est cela, les travailleurs ont des raisons d'être inquiets car, si Alstom s'est alors renfloué, c'est à coup de milliards d'aides de l'État, après avoir licencié des milliers de travailleurs ! Et la récente fermeture du site d'Arcelor-Mittal à Gandrange, malgré les engagements de Sarkozy, permet de mesurer ce que valent ces derniers.
Les quelque 300 manifestants présents sur le terre-plein de Penhoët face aux Chantiers, qui avaient répondu à l'appel de la CGT malgré la tempête et la pluie diluvienne, étaient contents d'avoir pu dire ce qu'ils pensent de la politique antiouvrière de Sarkozy et de ses promesses qui ne coûtent pas cher !