Cézus Chimie-Jarrie (région de Grenoble) : Les poussières de zirconium, un danger permanent03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cézus Chimie-Jarrie (région de Grenoble) : Les poussières de zirconium, un danger permanent

Cézus, filiale d'Areva, produit du zirconium, utilisé pour la fabrication des gaines transportant l'uranium au coeur des réacteurs des centrales nucléaires. A Jarrie, près de Grenoble, des éponges de zirconium sont fabriquées et broyées. C'est lors de ce broyage que des poussières de zirconium, les fines, sont créées. Elles ont la propriété de s'enflammer très facilement, et la température de combustion dans ces cas-là atteint instantanément 1200°.

Les éponges sortant des réacteurs et des fours de distillation sont ensuite broyées au bâtiment 409 dans un effriteur et mises à différentes granulométries (grosseur du grain). Au cours de cette série d'interventions, des kilos de fines sont produits. Ces poussières s'insinuent partout, dans les appareils, les charpentes... Face à ce danger, la direction fait nettoyer les ateliers une fois par mois environ. Or les fines s'accumulent jour après jour, et un ouvrier doit travailler à la brosse ou avec une éponge humide pour retirer et évacuer dans un sac le maximum de fines. Or la combinaison qu'il porte n'est pas suffisante pour le protéger, ni d'une inflammation à 1200°, ni d'une inhalation des fines en fusion qui peuvent brûler les poumons.

Dans un autre atelier, au Tri, il y a aussi des fines dans les faux plafonds où sont installés la climatisation et le chauffage. On y accède par une trappe, en empruntant une échelle. Récemment, fin 2004, un travailleur de l'atelier a dû meuler pour réparer une porte, provoquant une inflammation lente des fines, qui s'est propagée le long des charpentes jusqu'à provoquer un embrasement lorsqu'elle est parvenue en face de la bouche de chauffage. Toutes les fines en suspension dans l'atmosphère se sont enflammées et le système de chauffage a brûlé. Par chance, aucun salarié n'a été blessé. La veille, un travailleur d'une entreprise extérieure était intervenu pour l'entretien de la climatisation et du chauffage installé dans le faux plafond de l'atelier. A ce moment-là, il n'était même pas informé des dangers dus aux fines!

Depuis un accident mortel à Ugine en avril 2003, la direction fait réunir des commissions appelées pyrophoriques, pour établir les lieux où s'accumulent les fines. Mais elle n'a pas de solution sur le fond. Les fines ne peuvent être aspirées car il y a risque d'inflammation. La seule possibilité serait de laver à grande eau car il n'y a plus de risque avec l'humidité, même s'il aurait mieux valu le prévoir à la création des ateliers.

La direction joue avec la vie des travailleurs en ne résolvant pas un problème connu depuis longtemps. Une négligence criminelle.

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