- Accueil
- Lutte ouvrière n°1905
- La Poste - Paris 16 : Des conditions de travail de plus en plus lourdes
Dans les entreprises
La Poste - Paris 16 : Des conditions de travail de plus en plus lourdes
Le bureau de poste principal de Paris 16 a été restructuré en juillet dernier comme le sont à tour de rôle tous les bureaux parisiens. Près de 130 des 430 emplois de facteurs qui existaient alors avaient été supprimés malgré le mécontentement qui s'était exprimé.
La direction l'avait justifié par la mise en place de la "tournée unique" (une seule distribution de courrier au lieu de deux) et par le fait qu'une partie des travaux de tri est maintenant mécanisée. Mais le volume de courrier étant resté le même, cette réorganisation s'est traduite par une dégradation importante de nos conditions de travail.
Les tournées ont été rallongées et si la direction nous a remis de nouveaux Caddie dits ergonomiques, ce n'est pas pour économiser la fatigue mais pour nous faire transporter encore plus de courrier. Nombreux sont les Caddie qui, pesés avant le départ en tournée, font plus de 50, voire plus de 60 kilos!
La charge à transporter est de plus en plus lourde aussi pour les agents qui doivent charrier les sacs de courrier et les acheminer en voiture sur les tournées.
Ce manque de personnel amène une dégradation du service. La direction s'était engagée par un courrier auprès des usagers à ce que la totalité du courrier soit distribué plus tôt le matin. Dans les faits, nombre de gardiennes d'immeubles reçoivent le courrier plus tard dans la matinée, parfois à l'heure où elles ferment leur loge et cela avec assez souvent un ou plusieurs jours de retard. Pour les recommandés, alors que les usagers paient plus cher, cela met souvent plus de temps et avec des conditions de sécurité pas toujours respectées. Les réclamations d'usagers mécontents se sont multipliées, ce qui n'a pas trop l'air de gêner La Poste, sauf quand il s'agit par exemple de cabinets d'avocats qui portent plainte!
Alors même si publiquement la direction dément cette dégradation, elle sait bien que ces problèmes existent. Pour tenter d'y faire face, elle entretient une pression constante sur les agents et sur les chefs d'équipe pour nous faire travailler toujours plus et exerce une surveillance constante sur les militants syndicaux afin d'essayer de les empêcher de susciter des réactions des postiers.
Tout ce qui était toléré jusqu'à maintenant est remis en cause et même ce qui fait partie du "droit" des agents est contesté ou accordé avec parcimonie. Par exemple, la réglementation prévoit que nous puissions obtenir des jours pour soigner les enfants quand ils sont malades, sauf en cas de "nécessité de service". La direction en fait une interprétation plutôt curieuse! En général, elle n'accepte qu'une journée et demande que les autres soient posées en congés! Il n'y a pas de nécessité de service puisqu'elle autorise notre absence mais la direction veut que ces jours soient à nos frais!
À force d'entretenir un tel climat, depuis quelques mois il y a plus de départs que ne le souhaite la direction! De jeunes contractuels ont pris un congé formation, une douzaine ont même démissionné de La Poste, des fonctionnaires ont obtenu leur mutation en province et d'autres sont partis dans une autre administration.
Devant cette situation et face aux réclamations des usagers qui se multiplient, la direction a dû réinjecter une cinquantaine d'emplois. Mais ce n'est pas suffisant, d'autant que les départs continuent...
C'est dans cette ambiance et cette pression que, lors de la journée d'action de La Poste du 18 janvier, 150 d'entre nous ont fait grève, ce qui faisait un tiers du personnel en jour et les trois quarts en nuit. Un nombre qui a surpris et "déçu" la direction et qui pour nous est un encouragement pour la suite.