Le gouvernement Raffarin et les lois Aubry03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement Raffarin et les lois Aubry

Quand le gouvernement Raffarin remet en cause les RTT et permet aux patrons d'allonger beaucoup plus qu'avant les horaires de travail, il s'en prend à ce qui, dans la loi des 35 heures, pouvait bénéficier un tant soit peu à des travailleurs.

Mais les deux lois sur les 35 heures, prises en 1998 et 2000 par le gouvernement socialiste à l'initiative de Martine Aubry, alors ministre de l'Emploi, comportaient pas mal d'épines pour les travailleurs et des avantages substantiels pour le patronat. Et il n'est nullement question pour Raffarin-Borloo de remettre ceux-ci en cause.

Les lois Aubry sur les 35heures permettaient en effet aux patrons d'instaurer l'annualisation du temps de travail, 1600 heures par an, ce qui leur avait permis de réorganiser les horaires, d'introduire une flexibilité selon leurs seuls besoins, avec des périodes creuses et d'autres aux horaires démesurés, sans même que cela donne droit à une majoration du salaire horaire au-delà des 35 heures si le total sur l'année ne dépassait pas 1600 heures. De plus, la loi ayant introduit la notion des "35 heures effectives", bien des patrons ont tenté par ce biais une remise en cause des clauses avantageuses pour les salariés, pour ne considérer comme temps de travail que le temps de production, en excluant notamment les pauses, ce qui a limité la portée de la diminution effective du temps de travail!

Par ailleurs, le passage de 39 à 35 heures n'a pas eu d'effet bénéfique pour les millions de chômeurs. L'embauche est restée des plus limitée, voire inexistante, et les rythmes de travail se sont intensifiés, y compris dans les secteurs qui dépendent directement de l'État, comme les hôpitaux. Mais l'argent détourné des services publics est allé à de nouvelles subventions au patronat que Martine Aubry a justifiées en expliquant qu'il fallait l'indemniser pour le passage aux 35 heures. Le gouvernement Raffarin a intégré ces cadeaux dans un système d'allégement de charges patronales qui continuera d'être appliqué chaque année.

Enfin, l'un des effets les plus nocifs des lois Aubry est d'avoir laissé l'application des 35 heures se négocier au niveau de chaque branche et de chaque entreprise. Le gouvernement actuel poursuit sur cette lancée et invite les patrons à signer des accords au niveau de l'entreprise qui, pour certains, peuvent même déroger aux accords de branche. Ces gens-là parient sur l'émiettement de la classe ouvrière, ce qui prouve aussi, a contrario, combien ils craignent sa force quand elle est rassemblée.

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