Sediver - Saint-Yorre (Allier) : - Les travailleurs contre la fermeture, préfet et patron envoient la gendarmerie03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sediver - Saint-Yorre (Allier) : - Les travailleurs contre la fermeture, préfet et patron envoient la gendarmerie

Mardi 25 janvier à l'aube, le préfet de l'Allier envoyait près de 300 gendarmes et policiers occuper la petite ville ouvrière de Saint-Yorre, 2500 habitants, et plus particulièrement l'usine Sediver, verrerie industrielle spécialisée dans la fabrication d'isolateurs électriques, menacée de fermeture.

La mission de la police était de faire appliquer une décision de justice ordonnant la libération des stocks d'isolateurs retenus, selon elle, par les ouvriers depuis un an.

Cela fait en effet un an que la direction du groupe italien SEVES, propriétaire de l'usine de Sediver, a annoncé la fermeture du site de Saint-Yorre. Un an que salariés et syndicats tentent de s'y opposer comme ils peuvent, avec des manifestations, des actions en justice et des démarches auprès des élus et même du préfet et de Sarkozy. La direction, arrogante d'un bout à l'autre, n'a fait qu'osciller entre refus de discuter et chantage scandaleux: "Je conserve 150 salariés sur les 286 que je comptais licencier, à condition qu'ils acceptent 25 à 30% de baisse de salaire et que l'État accorde une aide de 6 millions"... Propositions jugées inacceptables par les salariés.

Pendant trois jours, les brigades de gendarmes ont investi la ville et l'usine pour "protéger" le déménagement des isolateurs par une demi-douzaine d'intérimaires recrutés pour charger plusieurs centaines de camions. Un vrai état de siège.

150 gendarmes mobiles, armés de boucliers et de matraques, étaient déployés devant l'entrée de l'usine, mais également dans les ateliers, magasins et autres locaux, leurs cars stationnés dans la cour. Quant aux salariés, contraints de pointer quotidiennement pour assurer le paiement de leur salaire, ils devaient présenter leurs papiers d'identité pour pénétrer dans les locaux, avec le sentiment d'être traités comme des délinquants.

L'émotion était très vive dans toute la ville et, le lendemain matin, 90% des 260 ouvriers de "La Commerciale", l'usine d'embouteillage des eaux du bassin de Vichy, débrayaient pour se rendre à la prise de parole devant l'entrée de Sediver. Et l'après-midi, près de 500 personnes manifestaient de la Mairie à l'usine avec, à côté des ouvriers de Sediver, ceux de la Commerciale et des autres usines de Saint-Yorre, mais également des travailleurs des usines de Vichy et des communes autour ainsi que du centre hospitalier de Vichy.

Les gendarmes et policiers sont repartis au matin du troisième jour, avant même la fin du déménagement des pièces. Comme quoi l'objectif réel et inavoué de l'opération était d'impressionner la population ouvrière de la ville. Mais à côté du sentiment d'abattement, il y a aussi un sentiment de colère qui touche toutes les couches de la population.

Quant aux travailleurs de Sediver, ils continuent à se réunir, à se serrer les coudes et à tenter tout ce qu'ils peuvent pour s'opposer aux licenciements.

Partager