Si par « contrat record » l’UAW prétend que les ouvriers de l’automobile auraient récupéré toutes les concessions que le patronat leur avait imposées auparavant, ce n’est certainement pas la réalité.

La direction du syndicat n’a jamais proposé quoi que ce soit qui aurait pu amener les travailleurs à organiser leur propre grève. Elle s’est contentée de dire aux travailleurs où tenir des piquets de grève isolés, et seulement quelques heures par semaine.

Aucune réunion n’a été organisée pour permettre aux travailleurs de discuter et de prendre leurs propres décisions : quelles sont les choses les plus importantes pour lesquelles se battre ? Que peut-on accepter ou pas dans un contrat ? Doit-on empêcher les camions de traverser les piquets de grève ? Doit-on faire grève dans toutes les usines des trois entreprises ?

De nombreux travailleurs de l’automobile estiment qu’il aurait fallu une grève totale chez les trois constructeurs. Si les travailleurs de l’automobile avaient fait grève dans les trois en même temps, cela aurait pu libérer une puissance telle qu’elle n’aurait pas pu être ignorée. Nous ne savons pas jusqu’où la grève aurait pu aller. Nous savons que, par le passé, les grèves des travailleurs de l’automobile ont servi de catalyseur à d’autres travailleurs et ont débouché sur des grèves qui se sont étendues à l’ensemble de la classe ouvrière. Nous savons que les travailleurs de nombreuses autres industries ont été enthousiasmés par la possibilité d’une grève dans l’automobile, espérant qu’elle se propagerait ailleurs.

Car les patrons, menés par les financiers de Wall Street, se battent ensemble en tant que classe. Il faut une lutte plus large et plus dynamique pour les ébranler, surtout maintenant que leur système est en crise. Si les travailleurs n’avaient pas été retenus par l’UAW, ils auraient pu, à tout le moins, acquérir de l’expérience pour les combats à venir. Il n’en reste pas moins que cette grève, aussi limitée soit-elle, témoigne de la volonté des travailleurs de remettre en cause ce système.