- Accueil
- Lutte ouvrière n°2883
- Israël, bras armé de l’impérialisme
guerre au moyen-orient
Israël, bras armé de l’impérialisme
« Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se fera pas », a déclaré Netanyahou, le 30 octobre. C’est dans le droit fil de ce qu’il répète depuis des semaines, en écrasant sous les bombes la population civile de Gaza.
Dès le lendemain de l’attaque dévastatrice du Hamas, s’adressant aux médias face au quartier général de l’armée israélienne, Netanyahou avait déjà martelé par trois fois : « Nous sommes en guerre. » De tels propos, on aurait pu les entendre un peu n’importe quand depuis au moins un demi-siècle, car la politique des gouvernements israéliens a toujours été de s’imposer par la force aux populations arabes de Palestine et des pays voisins.
Des guerres incessantes
En 75 ans d’existence, Israël a mené six guerres régionales : celle de 1948 qui suivit la création de cet État et l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens ; celle de 1956, où Israël soutint par les armes Paris et Londres contre l’Égypte qui avait nationalisé le canal de Suez ; celle des Six-Jours, en 1967, qui aboutit à l’occupation de Gaza, de la Cisjordanie, du plateau du Golan et du Sinaï ; celle du Kippour, en octobre 1973, contre l’Égypte et la Syrie ; l’invasion du Liban en 1982, avec les massacres des camps de réfugiés de Sabra et Chatila par l’extrême droite libanaise, couverte par l’armée israélienne ; une seconde guerre du Liban, en juillet 2006.
Il faut y ajouter une multitude d’opérations armées d’Israël, dites de représailles ou préventives, contre ses voisins et contre les Intifadas, ces soulèvements de la population palestinienne dans les territoires occupés. Sans oublier plus d’une centaine d’assassinats de dirigeants palestiniens et libanais menés par les services secrets israéliens entre 1979 et 1983, dont les instigateurs disaient qu’ils visaient à installer un « sentiment d’insécurité » au Liban, provoquant des réactions qui pourraient servir de prétexte à une invasion armée.
L’oppression systématique de la population palestinienne et la répression de ceux qui la refusent, constituent depuis des décennies le noyau de la politique des gouvernements d’Israël, d’abord socialistes, puis de plus en plus à droite. Ces derniers mois, 23 divisions ont été envoyées en Cisjordanie pour briser les réactions des Palestiniens à l’intensification des saisies de terres et aux créations de colonies juives sur leur territoire. Par leur choix de s’aligner sur l’impérialisme et de servir de bras armé des États-Unis au Moyen-Orient, en se faisant les oppresseurs des populations arabes, ces gouvernements ont conduit leur propre peuple, le peuple d’Israël, dans une impasse.
La succession de guerres, d’opérations militaires plus ou moins vastes, avec le maintien sous les armes de la population israélienne, l’écrasement des Palestiniens, ont fait de la vie un enfer pour les populations arabes, mais aussi pour la population israélienne. Celle-ci est ainsi contrainte de vivre sur le pied de guerre, dans un environnement rendu de plus en plus hostile par la politique belliciste de ses propres dirigeants.
Le prétexte de la sécurité
Membre du gouvernement depuis 1996, puis à sa tête avec de rares intermèdes, l’homme de droite Netanyahou s’était vanté d’assurer, par la force, une sécurité absolue aux Israéliens. Avec le Dôme de fer, une défense aérienne de pointe, il prétendait mettre le pays à l’abri des tirs de missiles du Hamas depuis Gaza et du Hezbollah depuis le Liban. Et si cela ne parvenait pas à sanctuariser Israël, il suffisait de bombarder Gaza et de soumettre sa population à un blocus total.
Ce discours sécuritaire visait à faire croire que « nous avions le droit de faire n’importe quoi, que nous ne paierions jamais le prix ni ne serions punis pour cela », comme l’a écrit le quotidien israélien de centre-gauche Haaretz après le massacre du 7 octobre. Certains en venaient même à ne plus voir l’effroyable réalité à leur porte. Ainsi, les jeunes venus à une rave party tout près de Gaza sont tombés sous les balles du Hamas pour avoir oublié, dit Haaretz, qu’il est « impossible d’emprisonner deux millions de personnes sans payer un lourd tribut ».
On voit les résultats de cet engrenage. Ils sont horribles pour les Gazaouis comme pour les Israéliens, mais aussi pour les habitants de Cisjordanie, victimes de pogromes de la part de colons chauffés à blanc par l’extrême droite et protégés par l’armée israélienne. Et ce n’est probablement qu’un début. Netanyahou a déclaré à Biden et à Macron que cette guerre serait longue. Et quand ce chef d’un cabinet de guerre, qui englobe en une union sacrée les partis de la gauche à l’extrême droite, déclare que « tout membre du Hamas est un homme mort », il affirme qu’il va poursuivre ce que font les dirigeants israéliens depuis des années, et qui a conduit à la situation tragique actuelle, sous le regard complice des grandes puissances, États-Unis en tête.
Les dirigeants israéliens s’assoient sur les centaines de résolutions de l’ONU leur enjoignant de quitter la Cisjordanie, au lieu de la coloniser en n’en laissant que des confettis à l’impuissante Autorité palestinienne. Mais les grandes puissances n’en ont que faire. De même, du fait du blocage israélien, les accords d’Oslo, passés il y a trente ans entre l’Israélien Rabin et le Palestinien Arafat sous le patronage de Clinton, n’ont jamais abouti à la création promise d’un État palestinien. Tout cela convient aux puissances impérialistes, trop contentes qu’elles sont d’avoir un peuple à leur disposition pour défendre leurs intérêts, un peuple gardien de prison des Gazaouis, mais lui-même captif des intérêts de l’impérialisme.
Les dirigeants israéliens font de leurs citoyens les supplétifs à vie et forcés des armées occidentales. Une partie de la population israélienne le perçoit, au moins confusément, et il est urgent d’ouvrir une perspective autre que cette sanglante fuite en avant. Elle implique la rupture avec l’impérialisme, pour instaurer une véritable coexistence des peuples israélien et arabes, dans le respect de leurs droits nationaux respectifs. Pour défendre une telle politique, des organisations communistes comme celles qui ont existé dans la région après la révolution russe de 1917 doivent resurgir. Car seule cette voie révolutionnaire pourra ouvrir une issue aux classes laborieuses, en Palestine comme en Israël et dans tout le Moyen-Orient.