Les exportations d’armes d’Israël ont doublé au cours des neuf dernières années, atteignant la somme record de 12,5 milliards de dollars en 2022. Près d’un quart d’entre elles ont été destinées à des pays arabes avec lesquels Israël avait normalisé ses relations. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Israël a fourni 69 % des importations d’armes de l’Azerbaïdjan, pays à majorité chiite, entre 2016 et 2020. En septembre dernier, les livraisons se sont intensifiées lors de l’offensive contre l’Arménie pour le contrôle du Haut-Karabakh.

En septembre 2023, l’Allemagne a acheté pour 3,5 milliards de dollars le système de défense israélien antimissiles Arrow 3, le plus gros contrat à ce jour. La Hollande et le Royaume-Uni sont sur les rangs pour commander ce Dôme de fer. Ce contrat en or est significatif de la place qu’occupe l’industrie d’armement israélienne : Arrow 3 est le résultat d’une collaboration permanente entre Israël Aerospace Industries (IAI), un des trois fabricants d’armes du pays à capitaux publics, et le groupe américain Boeing. L’accord entre Israël et l’Allemagne a été signé après validation intéressée des États-Unis, sans laquelle il n’aurait pas pu aboutir.

Israël a développé sa propre industrie d’armement certes, un armement de haute technologie et d’une puissance de feu redoutable. Mais ce n’aurait pas été possible sans les aides financières permanentes que les États-Unis lui garantissent, portées à 38 milliards de dollars pour la période 2019- 2028, par une décision prise sous la présidence américaine d’Obama, alors que Nétanyahou était déjà Premier ministre. En retour, les géants de l’industrie américaine sont incontournables dans la production d’armes sous label israélien. Ainsi, Rafael Advanced Defense Systems, autre grand conglomérat public de défense et d’aérospatiale israélien, collabore en permanence avec les groupes d’armements américains Raytheon et Lockheed Martin. Par cet entremêlement, l’industrie d’armement en Israël est un prolongement du complexe militaro-industriel américain, même si les groupes français comme Thales et EADS s’y sont fait une petite place.