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Dans les entreprises
Airbus – Marignane : la compétitivité ou notre peau
Airbus, comme bien d’autres grandes entreprises, entretient en permanence une douzaine d’influenceurs au Parlement européen, où ils distribuent différents cadeaux.
En France, à l’Assemblée nationale, Airbus paie par exemple les dépenses des déplacements, des hôtels, du club de rugby des parlementaires. Les petits cadeaux entretenant l’amitié, ceux-ci savent renvoyer l’ascenseur.
En conséquence de ces relations permanentes avec les « élus du peuple », ces derniers choisissent leur camp quand il s’agit de sacrifier la santé des travailleurs. C’est ainsi que, mardi 17 octobre, la Commission européenne a annoncé qu’elle abandonnait sa réforme du règlement européen sur l’usage des produits chimiques, le Reach. Cette réforme devait renforcer les contrôles et les interdictions de produits dangereux utilisés par Airbus et bien d’autres usines, chrome 6, phtalates, Pfas, etc.
Pour mémoire, la lutte contre le chrome 6 aux États-Unis a été popularisée par l’actrice Julia Roberts dans le film Erin Brokovitch, seule contre tous. Cette femme avait réussi à faire condamner la société qui utilisait ce produit et qui avait dû verser 333 millions de dollars aux victimes de ce polluant.
Plus de 70 % des substances chimiques produites en Europe sont considérées comme dangereuses pour la santé et l’environnement par la Commission européenne elle-même, et 18 % sont classées potentiellement CMR, c’est-à-dire cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques, pouvant avoir des conséquences sur le développement des fœtus. En France 2 700 000 travailleurs sont exposés à au moins un produit chimique cancérogène.
Cette réforme, préparée de longue date, ne plaisait pas aux industriels, et elle avait déjà été repoussée en 2017. C’était déjà une victoire pour les industriels, victoire obtenue par les lobbies qui exercent leur influence sur le Parlement européen, sur la Commission européenne et ailleurs.
Dans son discours de clôture, le vice-président de la Commission européenne a ainsi justifié la mort de cette réforme : « Nous devons respecter les dommages causés à la santé et à l’environnement, mais nous devons aussi garantir la disponibilité de substances chimiques […] et la compétitivité de nos entreprises. »
Pour défendre leur santé, les travailleurs devront bien se défendre eux-mêmes.