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Leur société
Ehpad : des économies révoltantes
Un an après le scandale Orpéa, neuf mois après un rapport de la défenseure des droits, une enquête de l’association 60 millions de consommateurs alerte sur les conditions dans lesquelles sont nourris les résidents en Ehpad.
En général, l’équilibre nutritionnel des repas est paraît-il garanti, même si les Ehpad dépensent en moyenne six euros par résident et par jour pour couvrir l’ensemble des repas. Ce montant descendrait même à trois euros dans les établissements privés. Difficile, avec de tels budgets, d’imaginer une grande quantité, une grande qualité ou une grande diversité des menus proposés !
Des conditions de vie dignes ne se résument pas au respect d’une grille nutritionnelle. L’attention prêtée au goût des repas ou à leur présentation témoigne aussi du respect qu’on accorde aux personnes âgées. Or les repas sont souvent insipides. Pour limiter le personnel, il faut faire vite, ce qui implique souvent de mixer les aliments… les ingrédients ne sont alors reconnaissables ni à l’œil ni au goût, et les termes fleuris qui figurent sur les menus semblent venus d’une autre planète. Les résidents n’ont en général pas le moindre choix, en dehors d’alternatives fixes du type « jambon-pâtes » ou « potage au pain de mie ».
L’enquête souligne également que les douze heures maximum d’écart entre le dîner et le petit-déjeuner, fixés par les gériatres, sont dépassées dans trois cas sur quatre. Tout ceci explique l’ampleur de la dénutrition en Ehpad, qui toucherait trois résidents sur dix, avec un fort impact sur la santé physique et mentale des personnes prises en charge, déjà vulnérables en raison de leur perte d’autonomie et du départ de leur domicile.
Le rapport publié en janvier par la défenseure des droits recommande au moins huit soignants et animateurs pour dix résidents aux moments clés de la journée. Avec six personnes pour dix résidents pendant les repas, les établissements sont loin du compte, d’autant que ces chiffres incluent le personnel administratif. Cette situation est encore aggravée par le turn-over et les nombreux arrêts engendrés par la pénibilité des conditions de travail et le décalage entre la façon dont il faudrait prendre soin des résidents et ce que les soignants sont réellement en mesure de faire.
Le problème des conditions de vie et de travail dans les Ehpad est dénoncé depuis longtemps, dans les médias comme par les travailleurs, mais l’avidité des actionnaires continue de régner dans le secteur privé. Dans le public, les restrictions budgétaires font là aussi leur œuvre, avec des conséquences encore plus dramatiques depuis l’explosion des prix alimentaires.
Dans une société guidée par le profit, la vie des anciens ne compte pas pour grand-chose, de même que celle des travailleurs auxquels ils sont confiés.