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Directions syndicales : de quel compromis parle-t-on ?

Macron, qui n’arrive pas à faire cesser la mobilisation contre son attaque sur les retraites, continue aussi à refuser les appels des directions syndicales à une solution de compromis.

de quel compromis parle-t-on ?

Macron sait qu’il aurait certainement pu trouver un terrain d’entente avec des dirigeants syndicaux, et pas forcément uniquement ceux de la CFDT ; mais il a choisi le bras de fer pour prouver sa capacité à imposer des coups à la classe ouvrière sans avoir besoin de négocier avec eux.

Dans son entretien du 23 mars, il avait reproché aux dirigeants syndicaux de n’avoir pas fait de proposition sur la question des retraites. Cela a offusqué Laurent Berger, patron de la CFDT, qui au contraire s’était montré favorable au projet de réforme de 2019 et avait applaudi à la retraite à points. Deux jours plus tard, Emmanuel Macron a fait un appel du pied à la CFDT, en remerciant son dirigeant pour « son esprit de responsabilité et de sa volonté d’apaisement que je partage ». Mais pour bien enfoncer le clou et rappeler qui est le patron, il a ensuite indiqué sa « disponibilité » pour échanger avec les syndicats dans leur ensemble sur tout… sauf sur les 64 ans.

Malgré ce mépris envers la fonction d’interlocuteurs privilégiés que sont d’ordinaire les dirigeants syndicaux, vendredi 24 mars, Laurent Berger, appuyé cette fois par le dirigeant de la CFTC, proposait à Macron une sortie de crise : « La solution c’est de dire “on met sur pause, on se donne six mois pour regarder et sur le travail et sur les retraites comment on peut reprendre les choses à l’endroit” et ensuite les organisations syndicales pourront nourrir leurs propositions et trouver un compromis s’il est possible. » Et d’ajouter : « Cela calmerait le jeu. »

L’ensemble des dirigeants syndicaux continuent, pour l’instant au moins, à affirmer que la réforme de Macron n’est pas acceptable, à commencer par le passage de l’âge de la retraite à 64 ans. Ils seraient d’ailleurs en difficulté s’ils disaient le contraire. Mais d’autre part, ils veulent toujours se montrer disponibles pour un compromis. Mais comment parler de compromis alors même que les travailleurs luttent contre cette réforme depuis plus de deux mois, que le gouvernement se déchaîne avec sa police contre les manifestants, envoie les CRS contre les piquets de grève, réquisitionne les éboueurs et les salariés des raffineries ? Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, ne contredit pas Laurent Berger, même s’il lui laisse le premier rôle dans cette recherche du compromis.

Non seulement les dirigeants syndicaux continuent à jouer cette partition, mais ils se gardent d’avertir les travailleurs que, derrière l’attaque contre les retraites, bien d’autres se préparent. En effet, le patronat veut continuer à faire pression sur les salaires, à augmenter les cadences pour maintenir coûte que coûte ses profits et avoir les moyens de faire face à ses concurrents internationaux. C’est une véritable guerre contre les travailleurs que mène le gouvernement, qui n’est que l’état-major de la bourgeoisie. Dans cette guerre, aucun compromis n’est possible et les directions syndicales, en agitant le drapeau blanc, obscurcissent cette conscience pourtant vitale aux intérêts des travailleurs. Et c’est cela le plus grave.

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