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La jeunesse mobilisée
Dans plusieurs grandes villes, après le 49.3, les manifestations ont été renforcées par des cortèges jeunes plus denses. Des lycées et des universités ont été occupés. Les raisons de cette mobilisation dépassent la question des retraites.
Bien des jeunes comprennent que le report de l’âge de la retraite, qui concerne leurs parents, voire leurs grands-parents, qu’ils voient souvent s’user au travail sans réussir à boucler les fins de mois, est socialement injuste. Ils dénoncent ce gouvernement « qui prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches », comme beaucoup l’ont écrit sur des pancartes.
Le recours au 49.3, vécu comme un déni de démocratie, les a particulièrement heurtés et en a convaincu beaucoup d’aller manifester. On enseigne à la jeunesse qu’elle vit dans une démocratie, mais quand des millions de gens manifestent pendant des semaines contre une loi injuste, quand 90 % des salariés en activité la rejettent, le pouvoir passe en force. C’est une leçon politique qui vaut bien mieux que les heures d’enseignement moral et civique de l’école.
Beaucoup de jeunes ayant participé aux manifestations, officielles ou non déclarées, ont été choqués par la brutalité de la police qui cherche le contact avec les manifestants, fonce dans le tas, insulte gratuitement et met en garde-à-vue sans motif. Ils y ont vu une atteinte au droit de manifester. Du coup, les slogans « Tout le monde déteste la police » ou « ACAB », l’acronyme anglais pour « Les flics sont des salauds », ont eu un grand succès les 23 et 28 mars. Comprendre que la police n’est pas conçue pour faire la circulation mais pour être un instrument de répression destiné à maintenir l’ordre social, qui peut frapper, éborgner et même tuer, est une autre leçon de leurs premières manifestations.
Les jeunes ont des raisons profondes de se mobiliser face à l’avenir que le système leur propose, les menaces de guerre et les catastrophes climatiques. Ainsi, le projet de généraliser le service national universel (SNU), en remplaçant du temps scolaire par plusieurs semaines de bourrage de crâne patriotique et militariste avant, peut-être, de restaurer un véritable service militaire, en révolte plus d’un. Des banderoles et des pancartes « Armée gavée, retraites volées » ou « Retraites légères, chars lourds » ont été déployées dans les cortèges. Quant aux destructions engendrées par le mode de production capitaliste, nombre de jeunes les dénoncent plus ou moins confusément, en rejetant le productivisme ou la construction de mégabassines, ou en refusant de « Travailler plus pour polluer plus ».
Au moment où se multiplient les enquêtes sur l’état dépressif de la jeunesse, la participation à la lutte et l’éveil politique d’une nouvelle génération est un salutaire antidépresseur.