Réquisitions : l’État contre les grévistes19/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réquisitions : l’État contre les grévistes

Après trois semaines de grève et les accords signés entre les patrons et des syndicats non-grévistes, le gouvernement a ordonné la réquisition de grévistes de la raffinerie normande de Port-Jérôme-Gravenchon, du dépôt de Mardyck (Dunkerque) et de celui de Feyzin (Rhône).

La réquisition est une réalité bien connue des soignants, l’administration ne se préoccupant jamais tant d’avoir le personnel nécessaire que les jours où celui-ci se met en grève. Des réquisitions avaient aussi déjà eu lieu dans le secteur pétrolier en 2010, au cours du mouvement contre la réforme des retraites Sarkozy-Fillon. Une grande partie des travailleurs de la raffinerie de Grandpuits avaient notamment été réquisitionnés et trois manifestants blessés par l’intervention des gendarmes.

À partir de jeudi 13 octobre, les gendarmes se sont présentés au domicile des grévistes désignés par les directions d’Exxon et de Total pour leur intimer de se rendre au travail, sous peine de six mois de prison et 10 000 euros d’amende. Non averti au préalable, un gréviste a décrit ses enfants bouleversés par la vue des gendarmes venus s’adresser à leur père.

Une vingtaine de grévistes ont ainsi été sommés de reprendre le travail : un nombre limité, mais qui marque la volonté du gouvernement de faire pression sur les travailleurs, puisqu’il ne peut plus se contenter de minimiser l’impact de leur mobilisation. L’État, qui n’a évidemment jamais envisagé de réquisitionner les profits pour financer les hausses de salaire demandées, espère en finir avec cette situation qui souligne la nécessité d’imposer des augmentations générales, à la hauteur de l’inflation et des profits réalisés. Il montre dans quel camp il est : celui du patronat contre les grévistes et contre l’ensemble du monde du travail.

Le dernier mot reste aux travailleurs, le pouvoir n’étant pas en mesure de mettre un policier derrière chaque ouvrier. La reconduction de la grève votée par les travailleurs des raffineries après l’annonce des réquisitions est la meilleure réponse au gouvernement.

Partager