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- Lutte ouvrière n°2829
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Leur société
Grève dans les raffineries : le gouvernement à l’appui des milliardaires
« Inacceptable », « illégitime », « insupportable pour nos compatriotes » : c’est ainsi que le ministre Bruno Le Maire a qualifié, sur BFMTV le 17 octobre, la poursuite de la grève des salariés des raffineries.
« Le temps de la négociation est passé. Il y a eu une négociation, il y a eu un accord, cela veut dire qu’il faut que force reste à la voix majoritaire », a-t-il ajouté, faisant mine d’argumenter. Mais quelle négociation, quel accord, quelle voix majoritaire les grévistes devraient-ils respecter ? Les représentants de la CFDT et de la CFE-CGC ont seulement signé le 14 octobre, dans les bureaux feutrés de TotalEnergies à Paris-La Défense, un projet d’accord prévoyant 5 % d’augmentation de salaire pour les ouvriers, employés et agents de maîtrise. Il devrait s’y ajouter 2 % d’augmentations individuelles, donc par définition au bon vouloir de la hiérarchie, et une prime d’un mois de salaire.
C’est donc bien loin de ce que les grévistes exigent, 10 % de hausse sur le salaire mensuel, afin de compenser chaque mois une inflation pénalisante. Les quelques primes lâchées par les patrons, déductibles de leurs bénéfices aux yeux du fisc, sont éphémères dans le budget d’une famille de travailleurs. il est totalement légitime d’exiger et de se donner les moyens d’obtenir une véritable hausse de salaire. Face à un capitaliste qui se vante de ses 18 milliards de profits en six mois, qui augmente de 50 % les dividendes versés aux actionnaires, qui augmente lui-même de 52 % son salaire, il est légitime, pour ceux qui produisent ces richesses, de réclamer un vrai rattrapage de pouvoir d’achat. Ils ont l’arme de la grève entre les mains, ils auraient bien tort de la laisser tomber avant d’avoir gagné. C’est d’autant plus vrai que les motifs de leur lutte sont largement partagés dans l’ensemble de la population laborieuse, bien souvent même parmi ceux qui sont gênés dans leurs déplacements mais sont solidaires des salariés des raffineries.
Le Maire s’appuie sur le lamentable accord signé, contre la volonté manifeste des travailleurs grévistes, entre le patron Pouyanné et certains dirigeants syndicaux qui n’avaient jamais appelé à la grève. Le prétexte est que ces signataires seraient représentatifs d’une majorité du personnel… à qui ils n’ont pas demandé son avis, et que l’accord serait donc valable, en vertu d’on ne sait quelle loi. C’est une arnaque cousue de fil blanc. Quant aux quelques miettes que les dirigeants de TotalEnergies ont consenti à rogner sur leur gâteau, et dont les négociateurs se prévalent, ce sont les grévistes qui les ont arrachées ! Elles sont précisément la preuve que la grève est légitime.
Les coups de menton de Le Maire, l’évocation d’un « besoin de fermeté et d’autorité », d’un « retour à l’ordre » donnent la vraie mesure des « négociations » telles que le patronat et le gouvernement les aiment. Les scandaleuses réquisitions que ce dernier a ordonnées montrent combien il est au service de ses maîtres capitalistes.