Bezons : trois ans après, le procès d’un accident du travail19/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bezons : trois ans après, le procès d’un accident du travail

Le 5 octobre s’est tenu à Pontoise le procès de la société de BTP Urbaine de Travaux, trois ans après l’accident qui avait coûté la vie à un homme de 43 ans, maçon intérimaire sur un chantier de Bezons, dans le Val-d’Oise.

Le 16 septembre 2019, l’ouvrier a fait une chute de 9 mètres à travers la trémie autour de laquelle il travaillait. L’inspection du travail avait constaté, après coup, que le dispositif de sécurité n’était pas aux normes. Pour réduire la responsabilité de l’entreprise, l’avocat d’Urbaine a minoré le travail à effectuer en ne parlant que de « nettoyage. » Il a aussi oser suggérer que l’ouvrier aurait pu avoir bu et être ivre au point de passer par dessus le garde-corps !

Le délibéré sera rendu en novembre, mais les débats éclairent sur la façon dont les patrons savent présenter les choses pour attenuer leur responsabilité. « Dans le bâtiment, les accidents du travail font en moyenne un mort par jour. C’est un 747 qui s’écrase chaque année. Un crash d’avion, on en parle. Les morts sur les chantiers, jamais », plaide une avocate de la CGT. Rien qu’à Bezons, un autre homme est mort sur le chantier d’une autre entreprise de la ville. L’entreprise Urbaine, quant à elle, vient d’être condamnée par le tribunal de Bobigny, pour la mort d’un jeune stagiaire de 23 ans, dans des circonstances très proches, six mois après l’accident de Bezons.

L’entreprise Urbaine appartient au groupe Fayat, qui a fait un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros et 140 millions de bénéfices en 2021. C’est dire qu’elle aurait les moyens d’en faire davantage pour la sécurité… mais aussi qu’elle a les ressources pour se payer défenseurs et procédures à rallonge. En face, pour faire connaître la vérité, la veuve du défunt n’a pu compter que sur son courage, sa détermination, le soutien de travailleurs de la ville et de ses proches. Obtenir justice est loin d’être simple. Mais comme elle le dit : « Il n’y a pas le choix, il faut se battre. »

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