Sri Lanka : les manifestants font tomber le président12/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sri Lanka : les manifestants font tomber le président

Le 9 juillet, au cours d’une manifestation regroupant peut-être 100 000 personnes à Colombo, la capitale du Sri Lanka, le palais présidentiel a été envahi. Le président Gotabaya Rajapaksa a été obligé de fuir.

Les classes populaires font face à une crise économique épouvantable, dont l’origine est la position d’infériorité du Sri Lanka dans le capitalisme mondial. La pandémie et l’inflation ont considérablement aggravé l’endettement du pays en 2022, qui n’arrive plus à emprunter pour acheter du pétrole donc produire de l’électricité, des médicaments, de la nourriture, etc.

Le gouvernement a fait reposer le poids de la crise sur les travailleurs incités à émigrer pour renvoyer de l’argent au pays. La semaine de travail a été réduite à quatre jours, et les salaires d’autant. De plus en plus de travailleurs ne font qu’un repas par jour. Une fermeture des entreprises pour deux semaines était prévue début juillet.

Le gouvernement s’apprêtait à négocier un nouvel emprunt avec le FMI. Cela aurait immanquablement signifié des hausses de prix des produits de première nécessité, des privatisations, une diminution des retraites et la suppression de 800 000 emplois publics. En réaction à ces menaces, des grèves, bien qu’interdites, ont eu lieu dans le secteur de l’énergie et de la santé. Des ouvriers agricoles et d’autres travailleurs ont réquisitionné des trains pour se rendre à la manifestation du 9 juillet dans la capitale.

Incapables d’en finir avec la contestation, et cibles des manifestants, il semble que le président et le Premier ministre aient été lâchés par les dirigeants de l’armée et de la police. Les policiers qui ont tiré sur la foule le 9 juillet, faisant trois morts et 55 blessés, ont été désavoués par leur hiérarchie. Le président a trouvé refuge sur un navire de guerre, à moins qu’il n’y ait été contraint.

Sa résidence a pu être envahie sans heurts : les manifestants ont pris des photos dans les pièces luxueuses, ont mangé les denrées rares et se sont baignés dans la piscine présidentielle. Ils occupent encore les lieux, se méfiant de la promesse de démission officielle que Rajapaksa a fixée au 13 juillet.

Le changement annoncé à la tête de l’État a probablement été autant décidé par l’état-major de l’armée que par l’impérialisme américain. Le 10 juillet à Washington, la commission des Affaires étrangères du Sénat affirmait : « L’armée et la police doivent faire preuve de retenue et faire partie de la solution et non du problème. Tous les partis doivent se mettre ensemble pour former un nouveau gouvernement .»

L’armée est pour l’instant épargnée par la contestation qui cible les hommes politiques. Mais le corps des officiers est la colonne vertébrale de cet État en faillite et il a une forte tradition de répression. Les généraux se tiendront derrière les nouveaux président et Premier ministre, dont les noms sont débattus par les partis d’opposition, et qui gouverneront pour faire payer la crise aux travailleurs.

Les travailleurs sont le fer de lance de la contestation. Pour changer leur sort, forts de leurs mois de lutte, encouragés par ces premiers succès, ils devront bâtir leurs propres organisations et avoir leur propre politique.

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