CMA-CGM : opération pièces jaunes12/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CMA-CGM : opération pièces jaunes

CMA-CGM, troisième armateur mondial et désormais deuxième groupe français le plus rentable – 18 milliards de dollars pour l’année 2021 –, déclarant vouloir faire un effort pour contenir la hausse des prix, accordera à partir du 1er août une ristourne de 500 euros par conteneur acheminant certains produits de première nécessité dans les ports français.

Dans sa grande générosité, le groupe, propriété de la famille Saadé qui vient de monter sur la cinquième marche du podium des fortunes françaises, accorderait la même remise pour les cargaisons à destination des départements d’outre-mer. Le quotidien Les Échos se désole du fait que la CMA-CGM ait été contrainte à une telle extrémité « sous pression du gouvernement ». Mais le journal, propriété de la famille Arnault, première fortune de France, souligne que le ministre de l’Économie a ainsi écarté la terrible menace d’un impôt sur les superprofits.

Quelle comédie ! Les bénéfices des armateurs comme ceux des pétroliers ont crevé tous les plafonds l’an passé et continuent alors même que l’activité stagne. La situation de monopole des trois groupes qui dominent le secteur du transport maritime leur a permis de multiplier par quatre, cinq voire dix le prix payé pour transporter un conteneur de Shanghai à Rotterdam ou à Los Angeles. La CMA-CGM a fait 7 milliards de dollars de bénéfices net au premier trimestre de cette année, soit 5 milliards de plus qu’à la même période l’an passé. Les 500 euros de remise sur quelques conteneurs sont une goutte d’eau sur les 6 000 ou 10 000 dollars facturés pour chaque boîte transportée.

En plus d’être un des facteurs aggravant de la gabegie de l’économie mondiale, le surprofit extorqué par les armateurs est un vol manifeste. La prétendue pression gouvernementale sur CMA-CGM et autres groupes multimilliardaires consiste tout au plus à obtenir du voleur de montre qu’il consente à donner l’heure à celui qu’il vient de détrousser.

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