Hôpitaux : “Il va y avoir des morts ! ”08/06/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/06/P7-1_Manifestation_des_hospitaliers_a_Bastia_mardi_7_juin_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C172%2C454%2C428_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : “Il va y avoir des morts ! ”

Par ces mots glaçants débutait l’appel des syndicats et collectifs des hôpitaux aux rassemblements du 7 juin pour dénoncer, une fois de plus, le délabrement du système de santé dans le pays.

Illustration - “Il va y avoir des morts ! ”

Les soignants et l’ensemble du personnel le dénoncent, tour à tour en colère, désespérés, résignés, et tous épuisés : l’hôpital est en danger d’asphyxie, les services d’urgence en particulier. Les uns comme les autres ne sont plus sûrs de pouvoir assurer à tous les patients les chances de guérison, voire de survie, auxquelles ils ont droit.

Selon la Fédération hospitalière de France, qui réu­nit les directions des établissements publics de santé, « 80 % des établissements rencontrent des difficultés, qu’elles soient d’ordre général ou spécifique à un service, qui affectent selon les situations le nombre de lits ouverts, la continuité ou la permanence des soins. Auparavant concentrée sur quelques territoires, cette situation tend à se généraliser. »

Le constat est presque unanimement partagé, après la dénonciation par un collectif de médecins urgentistes des dysfonctionnements et même de la fermeture prévue de 120 services d’urgence dans le pays. La « mission flash » commandée par un Macron qui juge nécessaire de faire un bilan des difficultés, pourtant largement partagées par ceux qui s’y heurtent, a de quoi mettre en rage. Quant à la salle de bien-être pour soignants inaugurée par Madame Macron dans un établissement de Villejuif, elle se passe de commentaires.

Un médecin urgentiste, Christophe Pru­dhom­me, du Samu 93, a estimé sur RFI que la situation est pire qu’au pic du Covid. Cette période normale, précédant les vacances, est vécue dans les services hospitaliers par un personnel épuisé, préférant démissionner en raison du sous-effectif insupportable. Dans l’ensemble des services, 15 à 20 % des lits sont fermés en moyenne, faute de personnel, pourcentage qui monte à 25 % dans certains services, comme celui du docteur Prudhomme, en Seine-Saint-Denis.

Qu’il s’agisse de la dégradation de la médecine de ville, aboutissant à des déserts médicaux, de la situation inquiétante des hôpitaux, des maternités, des maisons de santé, des Ehpad, la responsable en est la politique de santé des gouvernements successifs. Certes, la fréquentation des Urgences a plus que doublé en vingt-cinq ans, mais pourquoi sont-elles devenues le seul recours pour de plus en plus de personnes ? De Roselyne Bachelot, qui inventait des gestionnaires de lits pour gérer la misère, à Olivier Véran satisfait de son bilan, aucun ministre de la Santé d’aucun gouvernement n’a proposé d’embaucher les milliers d’aides-soignants, infirmiers, laborantins, médecins, ouvriers, brancardiers, manipulateurs radio, etc., qui sont nécessaires. Il faudrait leur assurer des conditions de travail correctes, et non des heures supplémentaires à outrance, des salaires suffisants pour vivre normalement, et un vrai rattrapage pour ceux qui sont en poste.

L’hôpital a besoin immédiatement de milliards d’euros supplémentaires. Il serait facile de les trouver dans les lignes budgétaires des commandes d’armement, des dégrèvements d’impôts et des subventions au grand patronat.

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