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Brésil : nouveau massacre policier dans une favela
Mardi 24 mai, la police de Rio s’est livrée à un nouveau massacre, tout juste un an après celui qui avait fait 28 morts dans la favela de Jacarezinho, dans les quartiers nord de la ville. Cette fois c’est la favela voisine de Vila Cruzeiro qui, de 4 heures du matin à 16 heures, a subi l’assaut.
Le bataillon de choc de la police en uniforme, le sinistre Bope, la Police fédérale et la Police de la route, appuyés par des véhicules blindés et des hélicoptères de combat, étaient mis en action. L’opération a fait 25 morts, tous qualifiés de trafiquants de drogue par la police, même si 12 au moins étaient inconnus d’elle.
La favela de Vila Cruzeiro est une des treize favelas du complexe du Rocher. Elle compte 70 000 habitants, mais c’est une zone plus large de 200 000 habitants où écoles, dispensaires et commerces ont dû fermer pendant les combats. En un an, c’est la quatrième opération policière contre Vila Cruzeiro. En février, une attaque y avait déjà fait neuf morts.
Les favelas sont les quartiers populaires, c’est-à-dire en majorité noirs, qui se développent en marge des villes, sur des zones non constructibles ou non viabilisées. Les habitants sont des travailleurs qui n’ont pas les moyens de vivre en centre-ville. Les habitations y sont souvent construites en dur, mais sans permis de construire ni titre de propriété, sans réseau d’eau ni égouts, sans véritables rues. L’État n’y est pas présent et elles s’administrent elles-mêmes. Mais la plupart sont contrôlées militairement par des mafias : gangs de la drogue qui s’y abritent, ou milices animées par des policiers qui se sont substituées aux gangs et que la police laisse le plus souvent tranquilles.
Le prétexte de l’opération du 24 mai était justement de s’en prendre au Commando Rouge, le principal groupe mafieux de Rio. Mais c’est la population qui est victime de ces affrontements entre bandits et policiers. Ces derniers se comportent vis-à-vis d’elle comme des bandits, pillant, violant et assassinant. À Vila Cruzeiro, la police n’a pas arrêté un seul trafiquant. Elle a saisi quelques fusils et pistolets, mais infiniment moins que lors d’une perquisition polie dans une copropriété du quartier chic de la Barra, dans laquelle habite le président Bolsonaro.
Toutes ces opérations de police ont en fait un but politique : montrer à l’électorat blanc et riche du président et du gouverneur de l’État de Rio qu’on le protège des délinquants, des sans-logis, des Noirs, des pauvres. Contre eux, la police a carte blanche, toutes ses bavures sont couvertes par les autorités et Bolsonaro a félicité les forces de police pour le massacre de Vila Cruzeiro. Le gouverneur de Rio, qui appartient au parti du président, n’est en poste que depuis un an, mais il est déjà responsable de 39 massacres ayant fait 181 morts.
Les élections générales qui concernent président, gouverneurs, sénateurs et députés, se dérouleront en octobre. La présidentielle oppose l’ancien président Lula et l’actuel président Bolsonaro, ancien militaire, nostalgique de la dictature, maniaque des armes et complotiste. Le massacre du 24 mai est bien à l’image de de cette extrême droite qui gouverne le pays depuis quatre ans.