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- Lutte ouvrière n°2810
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Dans les entreprises
Éboueurs de Vannes : une grève victorieuse
Il y avait longtemps que la colère montait dans le service de collecte des déchets de l’agglomération vannetaise. Quand la CGT a appelé à une journée de revendication le 24 mai, 90 % des 47 agents ont arrêté les tournées à l’embauche de 5 heures du matin.
Avec 1 500 euros net pour dix ans d’ancienneté, 1 800 euros pour 22 ans au maximum des grades, les éboueurs n’ont pas accepté l’aumône de 50 euros brut promise pour juillet. Face à l’inflation, ils ont décidé de revendiquer 100 euros net, pour tous et tout de suite. D’autant que malgré la mécanisation intervenue il y a quelques années, les conditions de travail ne se sont pas améliorées, la direction en ayant profité pour allonger les tournées et réduire le personnel à un chauffeur et un ripeur au lieu de deux par camion.
Les déchets se sont rapidement accumulés partout dans les communes de l’agglomération, en particulier dans le centre historique autour des colonnes de collecte qui remplacent les circuits individuels. Après quelques jours, le mouvement a commencé à s’étendre avec le renfort des éboueurs de la presqu’île de Rhuys.
Face à ce mouvement, la présidence de la communauté d’agglomération de Vannes a donné consigne à la population de ne plus sortir les bacs, dans l’espoir que celle-ci ferait alors pression sur les grévistes. Elle a par ailleurs tenté de casser le mouvement en payant des sociétés privées pour faire le ramassage dans le centre ancien, espérant que la population lui en saurait gré. Mal lui en a pris car la presse locale s’est fait l’écho, au contraire, d’un franc soutien aux grévistes malgré les désagréments. Comme le disait un habitant interrogé par un journal régional : « Ça va faire désordre, mais je les soutiens. »
Après une semaine de grève totale dans laquelle ils sont restés parfaitement soudés, décidant en assemblée générale chaque action, chaque revendication et chaque étape de la négociation, les agents de la collecte des déchets ont fait céder leur patron. Après avoir tenté de jouer les gros bras en mobilisant des camions privés – que les grévistes avaient d’ailleurs commencé à bloquer – le président de la communauté d’agglomération a dû manger son chapeau et accepter de prendre une mesure dont il disait qu’elle était « hors de ses prérogatives parce que les salaires dépendent du point d’indice des fonctionnaires ». Il a accordé sur trois mois 85 euros net à tous les agents de la collecte des déchets, et aussi par extension à ceux du service des eaux, sous la forme de primes mensuelles. Il a dû aussi payer l’intégralité des jours de grève.
La victoire a été saluée en assemblée générale et les éboueurs ont repris le travail le 1er juin.