Leur société

Élections, trahison, abstention : la démocratie des possédants

Les médias prévoient un record d’abstentions aux élections législatives du 12 juin, surtout dans l’électorat populaire. Et de se demander, avec tous les professionnels de la politique institutionnelle, comment redonner aux plus pauvres l’envie d’aller voter.

Les petites gens en question, c’est-à-dire de façon générale le monde du travail, ont le souvenir, vécu ou transmis, que tous les gouvernements connus ont gouverné contre eux. C’est cette expérience, maintes fois répétée et chèrement payée, qui explique leur abstention massive.

Alors peut-il exister un gouvernement réellement au service des travailleurs, qui ne les trahisse pas, que ceux-ci soient à même de contrôler ?

Il devrait être de leur côté dans tous les aspects de la vie sociale : pour garantir les salaires et pensions ; pour assurer des embauches massives ; pour garantir des services publics utiles, des conditions de travail dignes, une retraite décente à soixante ans au plus, au lieu d’une vie d’exploitation au profit de grandes fortunes méprisant la collectivité.

Un tel gouvernement ne pourrait être issu que du peuple travailleur lui-même, à l’inverse des gouvernements actuels qui sont l’émanation de l’étroite couche qui détient les moyens de production. Une telle situation n’est pas utopique. Elle a déjà existé dans la longue histoire des luttes de la classe ouvrière : pendant la Commune de Paris, de mars à mai 1871, dans les débuts de la révolution russe, à partir d’octobre 1917, et elle est en germe dans le feu de toutes les grandes luttes sociales.

Les représentants de travailleurs organisés, mobilisés et armés disposent de ce fait d’un pouvoir effectif, tout en devant rendre des comptes aussi souvent que nécessaire et en étant révocables à tout moment. Ils n’ont pas la prétention de gagner plus qu’un travailleur du rang ni d’avoir de privilège particulier. Il n’y a aucun besoin de corps de répression, police, armée, justice, s’ils sont dissous et remplacés par les assemblées de travailleurs. L’État lui-même n’a pas à être séparé de la population et au-dessus d’elle, et toutes ses fonctions peuvent devenir électives, contrôlées et soumises à révocation. Si le droit et la justice sont déterminés par la conscience commune de la classe travailleuse, et non plus par le poids des grandes fortunes, désormais expropriées et placées sous le contrôle de la collectivité, les humbles et les opprimés peuvent réellement exercer le pouvoir.

Alors, et alors seulement, on pourra réellement parler de démocratie, d’un système de représentation politique aussi honnête que le système actuel est faisandé.

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