Algérie : rejet de l’élection présidentielle27/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2678.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : rejet de l’élection présidentielle

En Algérie, le mouvement populaire qui entre dans son dixième mois rejette avec force l’élection présidentielle du 12 décembre. Vendredi 22 novembre encore, les rues d’Alger étaient noires d’une foule en colère contre Gaïd Salah et son simulacre électoral, qui vise à pérenniser un système massivement rejeté.

Sous la pression populaire, les partis qui prétendent représenter une alternative ont fait le choix de ne pas se présenter. C’est le cas des principaux partis islamistes tels que le MSP ou le parti El Adala. Les partis regroupés au sein des Forces de l’alternative démocratique appellent quant à eux au boycott de l’élection. Parmi les cinq candidats en lice, on trouve donc un candidat d’un petit parti islamiste, deux ex-ministres et deux ex-Premiers ministres de Bouteflika, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune.

La colère des manifestants est attisée par un pouvoir qui reste campé sur ses positions et qui affirme dans les médias publics que la campagne se passe bien et que les Algériens attendent ce scrutin avec impatience. Le cynisme des candidats alimente aussi l’écœurement et la colère, ils prétendent tous incarner le mouvement populaire et préparer un changement radical, eux qui sont presque tous des pontes de l’ère Bouteflika. Cette campagne ne passe pas du tout. Neuf mois après la démission de Bouteflika, l’élection à venir d’un de ceux-là est vue comme un cinquième mandat sans Bouteflika !

Le mouvement se poursuit : « Nous demandons la liberté, pas de marche arrière », « Gaïd Salah pas d’élection cette année ! » crient les manifestants. Outre les manifestations du vendredi, des manifestations populaires nocturnes ont eu lieu à Alger et dans d’autres villes. La campagne est émaillée de protestations quotidiennes. Dans toutes les villes où ils sont de passage, de Tiaret dans le sud du pays à Souk Ahras à l’est, les candidats sont contraints de se déplacer sous escorte policière. Partout leurs réunions sont interrompues, perturbées par des habitants en colère aux cris de « Vous avez mangé le pays, bande de voleurs ! »

De nombreux panneaux électoraux restent vides ou bien sont recouverts des portraits de détenus d’opinion. Les arrestations se sont multipliées à l’encontre des militants et des condamnations lourdes sont prononcées par une justice aux ordres. Cela ne décourage pas les manifestants, et un appel est lancé à occuper massivement Alger le jour du scrutin. L’armée, qui cherche à tout prix une façade civile derrière laquelle s’abriter, n’en a visiblement pas fini avec cette contestation.

Depuis neuf mois, le mouvement populaire a déjoué bien des manœuvres et est allé de rejet en rejet. Il a rejeté le 5e mandat, puis la prolongation du précédent, puis l’élection présidentielle prévue le 4 juillet, et aujourd’hui celle prévue le 12 décembre.

Les travailleurs et les classes populaires rejettent totalement ce système politique à bout de souffle. Un rejet qui doit les conduire à mettre en avant leurs propres objectifs et à lutter pour les imposer.

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