Licenciements, montée de la misère : Qui sème l'orage récoltera la tempête03/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2105.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Licenciements, montée de la misère : Qui sème l'orage récoltera la tempête

Le gouvernement lui-même est obligé de reconnaître que le nombre officiel de chômeurs a dépassé les deux millions. Ce chiffre officiel est bidon parce qu'il est largement sous-estimé. Mais son évolution est significative de l'explosion du chômage.

Comment pourrait-il en être autrement ? De grandes entreprises comme ArcelorMittal procèdent à des licenciements massifs. Les entreprises de l'automobile se sont débarrassées de leurs intérimaires, et le chômage technique de la fin de l'année n'annonce rien de bon pour l'avenir. Et derrière les grandes entreprises, il y a les autres, tous ces sous-traitants qui réduisent leurs effectifs et poussent dehors leurs travailleurs.

Et l'aggravation du chômage entraînera inévitablement la montée de la pauvreté. Les Restos du coeur comme la Banque alimentaire ou le Secours populaire sont unanimes pour affirmer qu'ils ont de plus en plus de mal à suivre l'accroissement de la demande. Et ceux qui en sont réduits aux Restos du coeur ne viennent pas seulement des rangs de ceux qui, n'ayant pas d'emploi, sont contraints de survivre avec l'allocation chômage, le RMI ou avec rien. De plus en plus nombreux sont les femmes et les hommes qui ont un travail, un salaire, mais tellement bas qu'il ne suffit pas pour nourrir la famille.

La pauvreté tourne à la misère lorsqu'on perd son logement. La loi dite « droit au logement opposable », dont se vante le gouvernement, ajoute l'hypocrisie à l'ignoble. Elle offre aux sans-domicile ou aux mal-logés la possibilité de porter plainte contre l'État si celui-ci ne leur propose pas une solution. Mais ceux qui ont rédigé cette loi et qui l'ont votée savent pertinemment qu'il n'y a pas assez de logements sociaux et que les sans-domicile, même soutenus par des associations, ne sont pas en situation de suivre un long parcours juridique. Mais il est plus facile de voter des lois, et de se laver les mains de la misère qui monte, que de fournir un logement à ceux qui n'en ont pas. Et dans ce pays, un des plus riches de la planète, on laisse mourir de froid des hommes dont on pourrait sauver la vie, pendant qu'on jongle avec des centaines de milliards pour sauver, non pas la vie, mais les capitaux et les profits des banquiers !

Tous ces faits épars, la baisse du pouvoir d'achat, les licenciements, la montée de la pauvreté, témoignent de l'intensification de la guerre de classe menée par le patronat, par les banquiers, par la classe capitaliste, contre les travailleurs.

Dans cette guerre, le gouvernement n'est que l'exécuteur des basses oeuvres de la classe riche. C'est vrai de tout temps, bien que le gouvernement prétende gouverner au nom de tous. Mais c'est particulièrement visible en cette période où la politique du patronat, celle qu'il applique lui-même dans les entreprises et celle qu'il exige du gouvernement, est de faire payer par les classes populaires la crise dont seule la classe possédante et son système économique sont responsables.

Plus la crise s'aggravera, plus le patronat et le gouvernement porteront des coups tous azimuts contre les salaires, l'emploi, les conditions d'existence des classes populaires, les protections sociales, les services publics. L'économie capitaliste est dans un tel état de délabrement que l'exploitation directe ne suffit plus pour permettre aux capitalistes d'encaisser les profits usuraires auxquels ils se sont habitués pendant le boom spéculatif qui a précédé l'écroulement. Il leur faut de plus en plus l'aide de l'État, qui vide les poches de ceux qui font tourner les usines et fonctionner l'économie, afin de pouvoir verser des milliards aux banquiers, aux patrons des grandes entreprises industrielles. Et les ministres d'expliquer que ce qui est bon pour les banquiers spéculateurs, pour les patrons soucieux de leurs seuls actionnaires, est bon pour toute la société.

Alors, il n'y a rien de bon à attendre de ces gens-là, de cette organisation économique là. Que la société crève pourvu que les profits rentrent, leur credo se limite à cela. Le seul sentiment qui peut les faire reculer, c'est la crainte. C'est la crainte d'une explosion sociale assez puissante, assez ample pour qu'elle menace non seulement leurs profits immédiats mais aussi leurs propriétés, leur mainmise sur les entreprises et sur l'économie. Cette explosion sociale, ils finiront par la provoquer car les travailleurs, seule classe productive de la société, ne se laisseront pas pousser à la misère par des parasites irresponsables.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 1er décembre

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