Dette publique : le talon de fer de la finance31/05/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/05/P16_Dette_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C13%2C800%2C463_crop_detail.jpg

Dans le monde

Dette publique : le talon de fer de la finance

Une semaine avant que la dette publique des États-Unis dépasse les 31 400 milliards de dollars, le maximum autorisé, un accord a été trouvé entre le président Biden et son opposant Kevin McCarthy, chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants.

Illustration - le talon de fer de la finance

Il reste encore au congrès à voter cet accord avant que l’État américain atteigne ce plafond de dette, autour du 5 juin. Un tel scénario se produit régulièrement, donnant lieu à des tractations sordides entre les deux partis qui se partagent le pouvoir. Les Républicains viennent ainsi d’obtenir des coupes budgétaires dans les dépenses sociales de l’État fédéral, qui excluront des pauvres de l’aide alimentaire, si elles sont votées en accord avec les Démocrates. Dans le passé, derrière les postures destinées à leurs électeurs respectifs, les politiciens américains ont toujours fini par trouver un accord sur la dette au détriment de la population.

Année après année, aux États-Unis comme partout dans le monde, la dette publique ne cesse de grandir. En 2022, la dette publique mondiale a dépassé les 66 000 milliards de dollars, doublant en onze ans. Ramenée à la population des pays endettés cette somme représente une dette de 13 500 dollars par personne, nourrissons compris.

Si cette façon de compter rend la somme plus parlante, elle noie politiquement la question. Car cette dette n’a pas servi à ouvrir des écoles, construire des infrastructures ou des hôpitaux. Elle résulte du « quoi qu’il en coûte » pratiqué par tous les gouvernements, et des aides versées aux capitalistes et des plans de relance pour relocaliser ou verdir la production. Elle sert à financer l’augmentation des budgets militaires, en hausse partout dans le monde. Les grands bénéficiaires sont les marchands d’armes, les Dassault, Thales, Lockheed Martin et autres. C’est aux capitalistes, tous secteurs confondus, que profite l’endettement des États.

La dette publique marque surtout l’emprise de la finance sur les États. Pour les banquiers, leur prêter avec intérêt, c’est s’assurer un profit régulier sans réaliser le moindre investissement et sans prendre de risque. C’est une rente perpétuelle sans limite et sans fin. Avec le relèvement des taux d’intérêt par les banques centrales, sous prétexte de juguler l’inflation, les conditions d’emprunt se durcissent tandis que la rente augmente pour les financiers.

L’an dernier, aux États-Unis, les sommes remboursées ont dépassé 400 milliards de dollars, le tiers du budget de la Sécurité sociale américaine. En France, la dette publique a dépassé 3 000 milliards d’euros et 53 milliards d’euros ont été déboursés en intérêts.

Dans les pays plus pauvres, sous prétexte de leur faible solvabilité, les banquiers font monter les taux d’intérêt jusqu’à rendre parfois impossible de nouveaux emprunts. Pour continuer à prêter, FMI, banques centrales et grandes puissances exigent alors des coupes claires dans les subventions aux produits de premières nécessité et des privatisations.

La dette publique est la voie principale par laquelle la grande bourgeoisie pompe les richesses créées par les travailleurs. Pour stopper le nœud coulant de la dette, il n’y aura pas d’autre voie que d’exproprier les banquiers sans indemnité ni rachat.

Partager