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- Lutte ouvrière n°2861
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La fête
Nathalie Arthaud, le 28 mai : “Mener jusqu’au bout la lutte de classe”
Le week-end des 27, 28 et 29 mai, la fête de Lutte ouvrière a été un grand succès. Pendant trois jours, dans le parc boisé de Presles, des dizaines de milliers de personnes ont pu avoir un petit aperçu de ce que pourrait être une société humaine et fraternelle. Les deux meetings de Nathalie Arthaud, dont nous publions ici des extraits, ont été bien sûr deux moments d’enthousiasme.
[...] Cette fraternité, nous en avons eu un avant-goût pendant les quatre mois de mobilisation que nous venons de vivre. Les manifestations où nous nous sommes retrouvés à des centaines de milliers à travers le pays, tous secteurs et toutes professions confondues, public et privé, jeunes et moins jeunes, ont fait renaître plus qu’un sentiment de solidarité : la conscience de former un camp, une classe sociale, une force collective qui aspire à se faire respecter.
Cela n’a pas suffi pour faire reculer Macron. Non parce qu’il serait invincible, mais parce que notre camp n’a pas utilisé son arme principale : la grève qui se répand d’usine en usine et de secteur en secteur. La grève qui fait mal au portefeuille du grand patronat et, derrière lui, aux parasites de l’aristocratie financière. La grève qui permet aux travailleurs de discuter de leurs affaires, de s’organiser, de prendre des initiatives et se faire craindre. […]
Face aux menaces de guerre : non à l’union sacrée !
Nous sommes confrontés à tout un système qui nous enfonce aussi dans les guerres. […] Les bruits de bottes se multiplient. Non seulement à cause de la guerre en Ukraine et des risques d’escalade militaire, mais aussi parce que les États-Unis et, derrière eux les impérialismes de seconde zone, dont la France, préparent l’opinion à la possibilité d’une guerre contre la Chine. Et ils ne font pas que préparer l’opinion ! Tous les États se réarment à marche forcée. Ils augmentent leurs dépenses militaires et veulent passer, expliquent-ils, à une économie de guerre. […]
Le silence des partis d’opposition est même assourdissant. S’ils se taisent, c’est qu’ils n’ont rien à redire à la politique de Macron. […] Si la guerre venait à se généraliser, les prétendus leaders de l’opposition finiraient par se mettre au garde-à-vous devant Macron pour défendre les intérêts de l’impérialisme français. Comme leurs ancêtres politiques l’ont d’ailleurs toujours fait : c’est ce que l’on appelle l’union sacrée.
Eh bien, nous serons peut-être les seuls, mais nous ne ferons pas l’union sacrée derrière Macron ! […] Aucun soutien à la politique belliqueuse du gouvernement français ! Non aux livraisons d’armes ! Non au doublement du budget de la défense ! Non au militarisme et au nationalisme !
Renverser le capitalisme, une nécessité
Le renversement du capitalisme est une nécessité pour assurer un avenir à la planète et à l’humanité tout entière. […] 34 millions de personnes ont été déplacées suite aux catastrophes climatiques. Combien d’autres demain ?
Oui, le réchauffement climatique, qui est la conséquence de la pollution, est en train de bouleverser la vie de l’humanité. Et il est à mettre sur le compte d’une société où les profits et les cours boursiers passent toujours avant le reste. Alors, on n’y fera pas face sans remettre en cause les fondements mêmes de notre système économique : la propriété privée, la concurrence et la course à la rentabilité.
Tous les gouvernements parlent maintenant d’industrie décarbonée ou d’industrie verte. Mais attention, ils ne forcent pas les industriels à moins polluer : ils les incitent en les arrosant de milliards ! […]
La grande mode chez les gouvernants, c’est de parler de planification. Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de planifier ? Le réarmement. La planification la plus poussée aujourd’hui est celle de la production des munitions, des chars et des missiles.
Mener la lutte de classe contre le patronat
Davantage d’injustice, davantage d’inégalités, davantage de guerres, voilà ce que les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous réservent, à nous et à nos enfants ! Alors, à la propriété privée d’une toute petite minorité, il faut opposer la perspective de la collectivisation des grands moyens de production. À la concurrence et au marché aveugle, il faut opposer la coopération et la planification. Au capitalisme, il faut opposer la perspective révolutionnaire du communisme !
Seule une minorité a conscience de la nécessité et de la possibilité d’un tel bouleversement. Même les travailleurs combatifs et conscients d’avoir à mener la lutte de classe contre le patronat ne se croient pas capables d’aller jusqu’à renverser la classe capitaliste et de prendre eux-mêmes le pouvoir.
Et comment cela serait-il possible, quand tous les politiciens se présentent comme le messie ? Regardez comment Le Pen, qui s’est tenue à l’écart de la mobilisation sur les retraites, s’est empressée de dire que le peuple a encore le moyen de supprimer la retraite à 64 ans : c’est de voter pour elle en 2027, parce qu’elle abrogera la loi. C’est de la foutaise ! […] Si Le Pen est élue, elle fera ce que la bourgeoisie lui demandera de faire, comme les autres, avec en prime sa politique anti-immigrés, sa politique qui sème la division et affaiblit les travailleurs, et qui renforce les racistes et les xénophobes jusque dans les rangs de la classe ouvrière. Cela la place d’emblée dans le camp des capitalistes.
Mélenchon, lui, ne peut pas dire « Attendez 2027 que je sois élu », puisqu’il n’est pas sûr d’être candidat de la Nupes, si tant est que la Nupes tienne jusqu’à la prochaine présidentielle. Mais le cœur y est. Si ce n’est pas lui qui l’affirme, les dirigeants de La France insoumise, du PS ou du PCF le disent : préparez-vous à voter pour l’union de la gauche et vous serez sauvés ! Mais qu’ils nous expliquent alors pourquoi la gauche au pouvoir n’est jamais revenue sur les reculs imposés par la droite !
Pour être capable de résister aux pressions de la grande bourgeoisie, il faut être prêt à la combattre vraiment, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’expropriation de ce qui constitue la base de sa domination : ses capitaux. Il faut être convaincu que la société peut fonctionner sans cette couche de parasites. […] C’est cette conscience-là qui doit se diffuser. Ce n’est véritablement possible que lorsque les travailleurs se mobilisent. […] Quand la mobilisation est dirigée démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes, ils découvrent non seulement leur capacité à agir, mais surtout à prendre des initiatives et à s’organiser pour les réaliser. C’est dans ces moments-là aussi qu’ils peuvent réfléchir en dehors des sentiers tracés par la bourgeoisie, évoluer et se transformer. C’est en se mettant en action que les travailleurs peuvent réaliser qu’ils représentent une force politique. […]
Oui, c’est dans ces moments-là que les travailleurs peuvent massivement s’emparer des idées révolutionnaires. Et c’est pour ces moments-là qu’il est indispensable de se battre aujourd’hui pour faire exister un parti communiste révolutionnaire. Un parti communiste révolutionnaire capable de s’armer de tout le capital politique que les dirigeants révolutionnaires qu’étaient Marx, Lénine, Rosa Luxembourg, Trotsky ont tiré de la longue et riche histoire du mouvement ouvrier. […]