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Dans les entreprises
Fonderie MBF : en lutte pour sauver leur peau
Les 284 salariés de la fonderie MBF Aluminium de Saint-Claude, dans le Jura, refusent toujours de se voir jeter à la rue à la suite du placement de l’entreprise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Dijon.
Plusieurs dizaines d’entre eux ont décidé, depuis le 28 juin, de bloquer le site logistique Renault Sofrastock de Saint-André-de-l’Eure d’où sont expédiés la visserie et les équipements (casquettes, chaussures, outils…) destinés aux salariés des usines Renault. Ils ont reçu le soutien de militants ouvriers de la Sofrastock, mais également, le 29 juin, de petites délégations de travailleurs des usines de Flins et de Cléon et du Technocentre de Guyancourt.
Pendant que les salariés de MBF se voient généreusement proposer par la préfecture du Jura un dispositif d’écoute, les patrons de Renault et les gros actionnaires dorment sur un matelas de 16 milliards de liquidités, veillent sur la cote des 25 milliards placés au fil des dernières années. Le prêt de 5 milliards consenti par l’État dans le cadre de l’aide à la filière automobile n’a pas suivi un autre chemin.
Après l’annonce de la fermeture de l’usine de Choisy-le-Roi, où plus de 160 travailleurs restent encore sans solution à court terme, les dirigeants de Renault sont à l’attaque contre ceux des fonderies et ceux des usines orientées vers les véhicules thermiques, comme Cléon et Flins, où aucune nouvelle voiture n’est programmée. Les salariés de l’ingénierie des centres techniques sont eux aussi dans le viseur depuis longtemps, nombre d’entre eux, prestataires ou intérimaires, ayant déjà été priés d’aller voir ailleurs. De ce point de vue, le télétravail lié au confinement a grandement préparé le terrain.
La mise en scène organisée par les dirigeants de Renault pour réorienter la production vers des secteurs jugés plus rentables, véhicules électriques, batteries, remise en état de flotte d’entreprise, voire plateformes de mobilité comme l’annonce le directeur général De Meo, est surtout une stratégie de défense des profits au détriment des dizaines de milliers de travailleurs employés par le constructeur et les sous-traitants. Les seuls indispensables pourtant, ce sont eux, comme l’a prouvé la direction de la Sofrastock qui, pour livrer, a dû ruser en faisant passer un camion par l’aérodrome voisin, contournant le barrage des salariés de MBF.
Les milliards dans les coffres sont le résultat du travail de tous et toutes. Qu’importent les stratégies de De Meo, après celles de Ghosn, il y a du travail en abondance, à les en croire. Personne ne se plaindra de ne devoir se rendre à l’usine ou au bureau qu’une demi-journée ou une demi-semaine, si la tâche était répartie entre les ateliers et les usines. Mais les milliards doivent être utilisés à garantir les salaires et les emplois de tous. La seule stratégie d’avenir pour les travailleurs est là.