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Dans le monde
Sommet de l’UE : le démagogue et les hypocrites
Le sommet tenu à Bruxelles les 24 et 25 juin a été l’occasion pour une grande partie des dirigeants de l’Union européenne de mettre en scène leur indignation contre une loi récemment votée en Hongrie, qui assimile homosexualité et pédophilie.
Macron, Merkel et onze autres chefs d’État ont affiché à bon compte une posture de défenseurs des droits de l’homme et de la tolérance présentés comme des valeurs européennes.
Le Parlement hongrois a en effet adopté le 15 juin une loi stigmatisant l’homosexualité, assimilée à une déviance et une menace pour les enfants. En plus d’être inspiré par une démagogie réactionnaire, ce texte durcit le contrôle de l’État sur l’édition, les publicités, les séries et les films diffusés à l’adresse des mineurs. Ainsi, la saga Harry Potter ou un film comme Billy Elliot seront interdits aux moins de 18 ans, sous prétexte qu’ils évoqueraient l’homosexualité. Cette mesure s’ajoute aux nombreuses remises en cause de la liberté d’expression auxquelles s’est livré le régime d’Orban.
Au sommet européen, pour répondre aux critiques de ses homologues européens, le dirigeant hongrois a mis en avant de prétendues préoccupations éducatives, déclarant : « La loi ne porte pas sur les homosexuels. Elle concerne la façon dont les parents veulent faire l’éducation sexuelle de leurs enfants. » Mais quand Macron enfourche le cheval de défenseur des droits des minorités sexuelles face à Orban, cela relève de la tartufferie. La France est un allié privilégié de l’Arabie saoudite, où l’homosexualité est punie de peines de prison et du fouet. Surtout, dans ce même sommet où la loi homophobe d’Orban soulevait l’indignation, les dirigeants européens ont renouvelé sans états d’âme la manne financière à destination de la Turquie d’Erdogan pour financer des camps où sont retenus les migrants qui tentent de gagner l’Europe. Or, à Istanbul justement, samedi 26 juin, le défilé de la Gay Pride était à nouveau interdit, comme depuis 2015. Les rassemblements ont été violemment dispersés par la police, les associations LGBT en Turquie dénonçant une campagne de haine menée par le gouvernement turc.
L’indignation contre les discriminations et la stigmatisation des minorités sexuelles est à géométrie, ou plutôt à géographie variable pour les dirigeants de l’Union européenne. Quant aux droits des migrants, ils sont tout à fait inexistants.