L’hôpital en détresse07/04/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/04/2749.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L’hôpital en détresse

Que le pic de l’épidémie soit ou non atteint, la situation a continué de s’aggraver pour les malades atteints du Covid comme pour le personnel des établissements de santé. À la date du 5 avril, près de 30 000 personnes étaient hospitalisées, dont 5 400 en réanimation.

Ainsi, 107 % des lits de réanimation étaient occupés par des patients Covid, avec la nécessité de pousser les murs pour trouver des places pour les nouveaux malades du coronavirus comme pour ceux atteints d’autres affections graves.

Qui peut donc croire les affirmations du porte-parole de Macron, Attal, lorsqu’il affirme : « Le tri des malades n’est pas une option, ne sera jamais une option » ? Les appels inquiets se succèdent chez les médecins, signalant les retards dans des investigations ou même des opérations chirurgicales importantes, en cardiologie, néphrologie ou cancérologie, des malades en attente de greffes. Une association de malades du rein vient de signaler des problèmes de suivi chez des malades dialysés ou greffés. Dans une tribune récente, d’autres associations, regroupant des malades du cancer, du diabète ou de la mucoviscidose, se sont estimées « absentes des préoccupations des dirigeants » et ont dénoncé les conséquences particulièrement graves de la pandémie sur ceux d’entre eux qui sont touchés. Cette situation est décrite par un médecin comme hyper anxiogène, et ressentie comme une injustice supplémentaire par ceux qui souffrent déjà de pathologies graves.

Tel un bateleur de foire, Macron a annoncé, qui dit mieux, 10 000 lits de réanimation. Mais ceux qui ont la charge concrète de les trouver, ou même de transformer en lits de réanimation dégradée des lits de soins intensifs, pourvus de respirateurs moyenne gamme, savent que, sans les trois ou quatre infirmières spécialisées nécessaires par lit occupé, ce n’est que du bavardage gouvernemental. Or, selon l’une d’elles, il faut un an pour être à l’aise à un tel poste. Alors, qu’ont attendu Macron, Philippe, Castex et leurs semblables ? Depuis un an, pourquoi les services hospitaliers fermés faute de personnel n’ont-ils pas été rouverts ? Pourquoi les renforts, si précieux pendant la première vague et indispensables désormais dans leurs régions, n’ont-ils pas été embauchés depuis et formés en urgence pour venir appuyer le personnel soignant de réanimation ?

Cette situation dénoncée dans les grands hôpitaux est encore plus criante dans les plus petits établissements régionaux. Dans l’hôpital Nord Franche-Comté, si les vingt lits de réanimation sont occupés par des malades Covid, la capacité chirurgicale, déjà réduite de plus d’un tiers depuis décembre, chutera encore de plus de 60 %. Dans les hôpitaux de l’Orne, les unités Covid sont presque toutes saturées, d’autant plus que les soignants eux-mêmes sont atteints. Au centre hospitalier de Tourcoing, la transformation du bloc opératoire en réanimation a conduit, par manque de personnel et de lits, à reporter ou annuler des opérations. Et la liste est longue.

On en est là alors que, dans les six années précédentes, le manque de soignants avait entraîné la fermeture de 21 000 lits d’hospitalisation complète (et non ambulatoire), selon des chiffres de Force ouvrière : dans la seule semaine du 29 mars au 5 avril, sur le pays, 12 878 nouvelles hospitalisations ont eu lieu. Comment s’étonner que la situation des hôpitaux devienne dramatique ?

Partager